Une jeune fille «d'une douzaine d'années» s'est fait exploser samedi dans une gare routière de Damaturu, dans le nord-est du Nigeria, faisant au moins sept morts et 31 blessés, peu après l'annonce de la reprise d'une ville stratégique de cette région par Boko Haram.

L'adolescente a déclenché des explosifs dissimulés sous son hijab vers 10 h 40 (5 h 40 heure du Québec) dans la gare où étaient regroupés passagers et commerçants.

«Une jeune fille d'une douzaine d'années a déclenché un explosif sous son voile alors qu'elle approchait les grilles de la gare routière» de Damaturu, a déclaré à l'AFP Danbaba Nguru, un commerçant qui se trouvait à Damaturu, capitale de l'État de Yobe.

«J'étais dans la gare routière quand j'ai vu la jeune fille arriver», a déclaré Musbahu Lawan, un chauffeur de bus.

«Je crois qu'elle a remarqué les gardes qui contrôlaient les gens au niveau des grilles et elle a décidé de déclencher des explosifs au milieu de la foule devant les grilles», a-t-il ajouté. Un poste de contrôle est installé à l'entrée de cette gare routière qui a déjà été le théâtre de plusieurs attentats.

«Nous avons reçu six corps et 32 victimes blessées par l'explosion», a déclaré à la presse le médecin-chef de l'hôpital Sani Abacha de Damaturu. «Une personne est décédée après avoir été admise. Il y a donc sept morts et 31 blessés suite à cette attaque», a-t-il ajouté.

Cet attentat n'a pas été revendiqué dans l'immédiat. Mais le groupe islamiste nigérian Boko Haram a souvent recours à de très jeunes femmes pour mener des attentats-suicides.

En février dernier, une femme kamikaze s'est fait exploser au même endroit, faisant sept morts et 32 blessés.

Le vice-gouverneur de l'État voisin de Borno, Mustapha Zannah, a d'ailleurs déclaré vendredi à la presse avoir eu accès à un rapport de sécurité faisant état du recrutement de nombreuses kamikazes par le groupe islamiste, en perte de vitesse depuis le déclenchement d'une opération militaire impliquant le Cameroun, le Tchad et le Niger voisins.

En début de semaine, Boko Haram a tenté de lancer une attaque contre Maiduguri, la plus grande ville de cette région, qui a pu être contenue par l'armée. Il s'agissait de la première attaque contre la capitale de l'État de Borno depuis le déclenchement, en février, d'une opération militaire régionale contre Boko Haram.

Boko Haram, de nouveau maître à Marte

Le vice-gouverneur de l'État de Borno a par ailleurs déclaré que la ville de Marte où Boko Haram avait établi son QG, serait «entièrement retombée sous le contrôle des insurgés (vendredi), ce qui, selon lui, est un «revers immense» pour les autorités nigérianes.

Marte, une ville de pêcheurs et de fermiers très convoitée pour ses richesses agricoles, frontalière du Cameroun et située sur une route stratégique pour le commerce entre le Nigeria, le Cameroun et le Tchad, a changé de mains à maintes reprises depuis 2013.

Prise une première fois en janvier 2013 par Boko Haram, qui y avait établi ses quartiers généraux, la ville a été reprise par l'armée en mai de la même année. Mais le groupe islamiste avait à nouveau réussi à s'en emparer lors de son importante avancée territoriale de 2014.

Quand l'armée nigériane avait enfin pu reprendre le contrôle de Marte en mars, victoire survenue au même moment que la reprise de Dikwa aux islamistes --une des batailles importantes menées par l'armée tchadienne, un porte-parole de l'armée nigériane avait estimé que l'itinéraire international menant du Nigeria au Cameroun, au Tchad et en Centrafrique était désormais «pleinement sécurisé».

Boko Haram avait déjà effectué une première incursion à Marte en avril: plus de 2000 insurgés avaient alors attaqué la ville et des centaines de soldats avaient pris la fuite, mais l'armée avait pu reprendre le contrôle de la ville peu après.

L'annonce de la chute de Marte survient deux jours après une attaque islamiste contre Maiduguri, la capitale de l'État de Borno et la plus grande ville de la région.

Boko Haram a tué au moins 55 civils dans deux villages au sud de Maiduguri mercredi, avant de se diriger vers la caserne de Giwa, mais les insurgés ont pu être stoppés par l'armée après des combats.

Un couvre-feu a été décrété de 17 h à 8 h (12 h à 3 heure du Québec) à Maiduguri afin de prévenir de nouvelles attaques.