Le Haut commissaire aux droits de l'homme pour les Nations unies a sévèrement condamné jeudi le meurtre et la mutilation d'un bébé albinos en Tanzanie, exigeant des autorités locales qu'elles protègent les personnes ayant cette particularité.

«La violence et les discriminations contre les personnes souffrant d'albinisme doivent être arrêtées», a déclaré le Haut commissaire aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, dans un communiqué condamnant «le meurtre horrible et les mutilations infligées à Yohana Bahati».

Le bébé de 18 mois avait été enlevé par des hommes armés de machettes ayant pénétré à son domicile dans la nuit de samedi à dimanche, dans le nord de la Tanzanie, qui ont grièvement blessé la mère.

La police a retrouvé mardi le cadavre du bébé, amputé de ses bras et ses jambes. Les albinos sont la cible de fréquentes attaques dans le nord de ce pays d'Afrique de l'Est, victimes de croyances qui attribuent des vertus magiques à leurs organes recherchés pour des rituels de sorcellerie.

Selon M. Zeid, les attaques contre des albinos ont fait au moins 75 morts depuis 2000 et semblent être en augmentation récemment, avec au moins trois incidents survenus ces deux derniers mois.

«J'appelle les autorités tanzaniennes à rapidement enquêter et poursuivre les auteurs de ce crime terrible, ainsi qu'à renforcer les mesures de protection des personnes atteintes d'albinisme», a déclaré le responsable des Nations unies.

Cette hausse des attaques pourrait être liée à l'approche des élections présidentielle et parlementaires en octobre prochain, certains candidats se tournant vers des sorciers influents pour améliorer leurs chances de succès, juge l'ONU.

«C'est une année électorale en Tanzanie et, comme certains experts l'ont suggéré, cela pourrait être une année dangereuse pour les albinos», avait prévenu mercredi le numéro un de l'ONU dans le pays, Alvaro Rodriguez.

Les organes d'albinos se vendent environ 600 $ dans le pays, un corps entier pouvant aller jusqu'à 75 000 $.

L'albinisme est une absence totale de pigmentation dans la peau, le système pileux et l'iris des yeux due à des facteurs génétiques. Alors que cette maladie génétique héréditaire ne frappe qu'un Occidental sur 20 000, un Tanzanien sur 1400 en est atteint, en raison notamment des mariages consanguins.