Un kamikaze s'est fait exploser jeudi pendant l'office du jour de l'an devant une église évangéliste de Gombe, dans le nord-est du Nigeria, blessant plusieurs personnes, selon un responsable des secours et des témoins.

L'homme, arrivé à moto, a déclenché l'explosion vers 09h00 devant l'Église évangéliste d'Afrique de l'Ouest (ECWA) de Gombe, selon des témoins, après avoir été empêché de pénétrer dans le bâtiment.

«Il y a eu une explosion devant l'ECWA ce matin. Un kamikaze qui n'a pas pu entrer dans l'église s'est fait exploser. (...) Heureusement personne n'a été tué, mais des gens ont été blessés», a rapporté à l'AFP Abubakar Yakubu, le directeur de la Croix-Rouge nigériane à Gombe.

«Un homme est arrivé à moto et il a voulu traverser les barricades de sécurité qui avaient été installées par des volontaires de l'église», a rapporté Dahiru Badamasi, un habitant du quartier Tudun Wada de Gombe où s'est déroulée la scène.

«Les gens qui entraient dans l'église devaient garer leurs véhicules et traverser les barrages à pied, afin d'être fouillés avant d'entrer dans l'église», a-t-il expliqué.

«Des volontaires ont demandé à cet homme de garer sa moto (...), mais il a insisté pour pouvoir traverser la barrière avec (...) Pendant qu'ils se disputaient la ceinture d'explosifs qu'il portait a explosé. Il y a eu beaucoup de blessés», a-t-il poursuivi.

Junmai Maifada, qui a assisté à la scène depuis chez elle, a dit avoir vu «un homme transportant trois enfants dont les robes étaient tachées de sang».

Gombe, capitale de l'État du même nom, avait été relativement épargnée par l'insurrection islamiste, surtout concentrée dans les trois États voisins de Yobe, Borno et Adamawa, où Boko Haram s'est emparé d'une vingtaine de villes.

Mais les attaques se sont multipliées ces dernières semaines dans cet État, où les islamistes ont notamment mené deux raids contre la cimenterie du groupe français Lafarge, dans la ville d'Ashaka.

Déjà, mercredi, une femme kamikaze avait été tuée par les forces de l'ordre devant une caserne de Gombe à laquelle elle tentait d'accéder, munie d'une ceinture d'explosifs.

Un triple attentat dans une gare routière de la ville avait aussi fait au moins 20 morts et de nombreux blessés la semaine dernière.

L'insurrection et sa répression par les forces de sécurité nigérianes ont fait plus de 13 000 morts depuis son début en 2009.

Le président nigérian Goodluck Jonathan, très critiqué pour n'avoir pas su mettre un terme aux violences islamistes, candidat à sa réélection le 14 février prochain, a promis jeudi matin, lors de ses voeux à la nation, de «rééquiper» et «réorganiser» les forces armées afin de «gagner la guerre contre le terrorisme».

«Justice sera rendue contre les terroristes sauvages de Boko Haram. Ils seront vaincus», a affirmé M. Jonathan dans un message diffusé par la télévision nationale.

Il a déjà fait ce type de promesses à de nombreuses reprises par le passé, mais les violences n'ont pas cessé pour autant sur le terrain, où les islamistes poursuivent leurs attaques sanglantes, et où des milices privées se substituent souvent à des forces armées mal équipées et en sous-effectifs.

À six semaines des élections présidentielles et législatives, le président s'est à nouveau engagé à mener un scrutin «libre, juste et crédible».

Un doute demeure cependant sur les conditions de vote dans les trois États les plus durement touchés par l'insurrection, dans le nord-est, où l'électorat penche très largement en faveur de l'opposition.