L'ex-président Laurent Gbagbo, actuellement détenu à La Haye, sera candidat à la présidence du Front populaire ivoirien (FPI), le parti qu'il a créé, face à l'actuel dirigeant Pascal Affi N'Guessan, a-t-on appris auprès de la principale formation politique ivoirienne.

M. N'Guessan a annoncé mercredi lors d'une cérémonie sa candidature contre le père fondateur de ce parti traversé par une crise interne.

«Je suis candidat par devoir envers le président Laurent Gbagbo», a déclaré l'ancien premier ministre (2000-2003), qui dirige le parti depuis 2001 et dont ce serait le second mandat.

Les mandats de président au FPI sont de trois ans renouvelables, mais aucun congrès du parti ne s'est tenu depuis treize ans du fait de la crise politico-militaire qui a ébranlé le pays de 2000 à 2011.

La candidature de M. Gbagbo avait été déposée la semaine dernière par des cadres du parti, dont son fils Michel.

Deux camps s'affrontent au sein du FPI. Le premier fait de la libération de l'ancien président «le coeur de la stratégie de lutte du parti». Le second aspire à s'investir dans le jeu politique et à participer à la présidentielle de 2015 derrière Pascal Affi N'Guessan.

«Il existe un groupe qui veut remettre le parti à son fondateur (Laurent Gbagbo), lors du congrès prévu à la mi-décembre», a affirmé à l'AFP Alphonse Douati, un cadre du FPI, évoquant une «crise de leadership».

La candidature d'«Affi» qui «s'apparente à un parricide» est une «défiance» vis-à-vis de son «mentor», a estimé M. Douati, ancien ministre de Laurent Gbagbo et proche du camp Gbagbo.

«Est-il pertinent, est-il sage de faire appel au Président Laurent Gbagbo lui-même, comme le suggèrent quelques camarades ?», s'est interrogé M. N'Guessan. «Ce n'est pas un bon plan», a-t-il observé.

Laurent Gbagbo, emprisonné depuis bientôt trois ans par la Cour pénale internationale de La Haye pour «crimes contre l'humanité», attend son procès prévu fin 2015.

L'enjeu est primordial pour la Côte d'Ivoire, qui se doit de réussir cette élection pour rêver d'un futur calme, après une décennie de crise politico-militaire et plus de 3000 morts durant les violences postélectorales de 2010-2011.

Seul le président Ouattara est pour l'instant candidat déclaré mais, pour les partenaires de ce pays, la participation du FPI au processus, ainsi qu'à l'élection, est essentielle à la réussite du scrutin.