Le président zambien par intérim Guy Scott a fait volte-face mardi et rétabli le secrétaire général du parti au pouvoir Edgar Lungu dans ses fonctions, au lendemain de débordements violents provoqués par la mise sur la touche de M. Lungu.

«Le président par intérim du Front patriotique (parti au pouvoir) a déclaré que le secrétaire général Edgar Lungu gardait son poste», a annoncé M. Scott à la radio publique, alors que la colère des jeunes partisans de M. Lungu gronde depuis lundi.

«Après l'enterrement de feu le président, le comité central du parti sera convoqué», a-t-il ajouté.

L'annonce a été faite juste après une réunion avec plusieurs ministres furieux de sa décision la veille d'écarter leur collègue à la Défense et à la Justice M. Lungu, prétendant à la succession du président Michael Sata.

M. Lungu avait lui-même vivement réagi dans la matinée, dénonçant «la mesure illégale et provocatrice prise par le Dr Scott» de le démettre de ses fonctions de secrétaire général.

«Le Dr Scott a insulté notre culture et le peuple de Zambie en s'engageant dans des manoeuvres qui minent la dignité, l'honneur et le respect dû aux funérailles du président Michael Sata», avait-il ajouté dans un communiqué lu à la radio.

Élu démocratiquement en 2011, M. Sata est décédé le 28 octobre à l'hôpital à Londres, mais n'a pas encore été enterré. Un scrutin présidentiel anticipé doit être organisé d'ici fin janvier.

Lundi soir, des rues de Lusaka ont été le théâtre de débordements violents de la jeunesse, avec pneus brûlés et voitures caillassées, obligeant la police anti-émeute à intervenir. Elle est sur le qui-vive depuis le décès du président.

Certains jeunes ont également perturbé l'hommage rendu depuis dimanche au président Sata, dont la dépouille mortelle est exposée pour permettre à la foule de le voir et de s'incliner devant lui une dernière fois avant les obsèques.

Dans la matinée, des partisans de M. Lungu s'étaient rassemblés dans plusieurs townships de Lusaka pour manifester, et ils ont laissé exploser leur joie après la marche arrière du président par intérim.

«On ne peut pas croire qu'après 50 ans d'indépendance, on ait un Blanc comme président. Il arrive et commence à virer des membres (du parti). Edgar est des nôtres et Guy veut nous ramener à la colonisation, on n'acceptera pas ça, Guy doit dégager», s'énervait Willy Phiri, un partisan du Front patriotique.

Guy Scott, vice-président d'origine britannique, a été désigné pour assurer l'intérim du pouvoir, devenant ainsi le premier chef d'État blanc en exercice en Afrique subsaharienne depuis la chute de l'apartheid en Afrique du Sud en 1994.

Il ne peut pas en principe se présenter à la présidentielle, selon la Constitution, car ses parents n'étaient pas zambiens.

Pour remplacer M. Lungu au secrétariat général du parti, M. Scott avait nommé Davis Mwila, qui a immédiatement refusé la proposition: «Je décline cette nomination, il est contraire à notre culture d'accepter une nomination pendant une période de deuil. Nous devons d'abord enterrer notre président», a-t-il dit à l'AFP.

Âgé de 77 ans, M. Sata était largement absent de la scène publique depuis des mois en raison de sa maladie et la bataille de succession avait déjà démarré parmi ses lieutenants, tandis que l'opposition est également prête à batailler pour faire son retour.