Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a estimé lundi qu'il fallait envisager la création d'un «tribunal spécial» pour juger les responsables d'exactions dans le conflit au Soudan du Sud.

S'exprimant devant le Conseil de sécurité, M. Ban a repris les termes d'un récent rapport de la mission de l'ONU sur place (Minuss) selon lequel «il y a des motifs raisonnables de croire que des crimes contre l'humanité (...) ont été commis» au Soudan du Sud. «Il faut envisager un tribunal spécial, ou hybride, avec une implication internationale», a-t-il dit en soulignant le «besoin de justice».

Des tribunaux de ce genre ont été mis en place dans des cas comme le génocide au Rwanda ou au Cambodge, ou encore l'ex-Yougoslavie.

S'adressant ensuite à la presse, M. Ban a précisé que la création d'une telle instance «était du ressort des États membres du Conseil de sécurité».

En tête des priorités pour le Soudan du Sud, M. Ban a placé «la fin immédiate des combats». Il s'est dit «troublé par les accusations des deux bords sur des violations du cessez-le-feu» conclu par le président sud-soudanais Salva Kiir et son rival, l'ancien vice-président Riek Machar. «Je demande instamment aux deux parties de faire preuve du maximum de retenue», a-t-il lancé.

Devant les journalistes, M. Ban s'est déclaré «déçu» de la poursuite des combats, notamment autour de Bentiu.

«J'encourage les deux dirigeants à tenir leurs engagements et nous allons rester en contact avec eux pour qu'ils respectent leurs obligations», a-t-il déclaré. «Il incombe au président Kiir et à M. Machar d'abandonner leur lutte d'influence et de faire avancer les efforts de paix».

Salva Kiir et Riek Machar --qui a pris le maquis mi-décembre après avoir été accusé de tentative de coup d'État-- ont signé vendredi à Addis Abeba un «accord pour résoudre la crise au Soudan du Sud», comprenant notamment un engagement à «cesser les hostilités». Mais leurs forces respectives se sont mutuellement accusées dès dimanche d'avoir rompu le cessez-le-feu.

M. Ban a réitéré la demande d'une «période de calme de 30 jours» pour que les paysans puissent assurer leur récolte. «Il y a un vrai risque de famine si la saison des semailles est manquée».

«Si le conflit continue, d'ici à la fin de l'année, la moitié des 12 millions de Sud-Soudanais seront déplacés, réfugiés à l'étranger, affamés ou morts», a prédit M. Ban.

Il a invité la communauté internationale à se montrer plus généreuse, notant qu'il manquait encore 781 millions de dollars pour couvrir les besoins humanitaires d'ici la mi-2014, estimés à 1,2 milliard de dollars.

Le conflit qui a débuté à la mi-décembre a déjà fait plusieurs milliers, voire des dizaines de milliers de morts et chassé plus d'1,2 million de Sud-Soudanais de chez eux.

Ban Ki-moon s'était rendu mardi dernier au Soudan du Sud pour soutenir les efforts internationaux visant à mettre fin à la guerre civile, accompagnée de massacres ethniques, qui ensanglante le pays.