Des soldats de l'armée régulière de la République démocratique du Congo (RDC) ont violé ou agressé sexuellement l'an dernier au moins 135 femmes ou jeunes filles, quand ils se sont repliés après une avancée rebelle, selon un rapport de l'ONU mercredi.

L'armée congolaise et les rebelles du M23, qui ont aussi commis des atrocités quand ils ont pris la ville de Goma, risquent d'être inculpés de crimes contre l'humanité, selon les enquêteurs des Nations unies, qui suggèrent aux autorités congolaises de juger rapidement les rebelles et les soldats.

Les soldats de l'armée ont violé des femmes sous la menace d'armes, tué un garçon qui essayait de sauver sa chèvre et battu des hommes qui tentaient de protéger leurs proches, précise le document sur un épisode du conflit qui ravage depuis plus de deux décennies l'est de la RDC.

Les rebelles ont eux aussi violé et tué des personnes à Goma quand ils ont pris la ville le 20 novembre, face à des Casques bleus dans l'incapacité de les stopper.

Dix-sept personnes, dont deux garçons, ont été tuées au cours de l'offensive des rebelles à Goma. Pendant leur siège de la ville, qui a duré 10 jours, «au moins 11 civils ont été arbitrairement exécutés» et 58 femmes violées par des rebelles, toujours selon l'ONU.

Mais les enquêteurs sont «particulièrement préoccupés par les violations des droits de l'homme perpétrées par l'armée congolaise», précise le rapport.

Après la prise de Goma, des milliers de soldats de l'armée congolaise se sont repliés sur Minova dans le Sud-Kivu, où ils ont à leur tour commis des atrocités, dans la ville et dans huit villages proches.

Au moins 102 femmes et 33 filles ont été victimes de viols ou de violences sexuelles, avance le rapport, réalisé à partir de plus de 350 entretiens de témoins et de victimes. Deux personnes ont été «arbitrairement exécutées». Les attaques ont été menées «de manière systématique et avec une extrême violence».

Le fondateur du M23 Bosco Ntaganda s'est rendu à la justice le mois dernier après s'être réfugié à l'ambassade du Rwanda, qui a été accusé de soutenir les rebelles.

Onze soldats de RDC ont été arrêtés en décembre: deux pour meurtre et «seulement» deux pour viols, indique le rapport. Le Congo a depuis suspendu 12 officiers responsables d'unités impliquées dans les viols.