Les policiers coupables d'avoir traîné derrière leur véhicule un Mozambicain décédé ensuite au commissariat ont été arrêtés vendredi en Afrique du Sud, où la police est sous le feu des critiques pour sa violence et son manque de respect des droits fondamentaux.

«Les huit policiers ont été arrêtés dans les locaux du commissariat de Benoni», dans la banlieue est de Johannesburg, a indiqué dans l'après-midi à l'AFP un porte-parole de la police des polices, Moses Dlamini (IPID). Ils seront présentés lundi à un juge.

Le chef du commissariat a, pour sa part, été relevé de ses fonctions et muté pour ne pas compromettre l'enquête.

L'affaire, survenue dans un township proche de Johannesburg, aurait-elle eu cette résonance si les médias locaux n'avaient pas diffusé la vidéo amateur montrant l'incident? Difficile à dire. Mais le scandale provoqué par ces images de policiers menottant le chauffeur de taxi mozambicain mal garé, puis le traînant au sol derrière leur véhicule devant une foule médusée, a obligé les autorités à réagir vite.

«C'est une affaire absolument terrifiante», a déclaré à Genève le porte-parole du Haut Commissaire aux droits de l'homme des Nations Unies, Rupert Colville, «il faut une enquête très rapide».

La police des polices a ouvert une enquête pour meurtre, et la dirigeante de la police nationale, Riah Phiyega, a affronté la presse vendredi matin, en direct devant les caméras de télévision.

Les questions témoignaient d'une exaspération certaine, l'un des journalistes demandant notamment si «le nombre de morts dans les commissariats était plus ou moins élevé aujourd'hui que sous l'apartheid», le régime raciste qui réprimait par la violence les volontés d'émancipation des Noirs, avant l'instauration de la démocratie en 1994.

«Chaque mort est une mort de trop», a répondu Mme Phiyega.

Le chauffeur de taxi Mido Macia, 27 ans, a été retrouvé mort dans sa cellule deux heures environ après l'incident. L'autopsie a révélé qu'il avait succombé à un traumatisme crânien et une hémorragie interne. Le jeune homme, qui avait émigré en Afrique du Sud à l'âge de dix ans, «n'avait jamais posé de problème dans la population et était toujours prêt à rendre service», a témoigné une voisine sur un média local.

En 2010-11, près de 800 personnes sont mortes en garde à vue ou du fait de la police, selon l'autorité de contrôle de l'institution, et en 2011, la mort en direct d'un manifestant torse nu et non armé, Andries Tatane, frappé à mort, avait déjà mis le pays en émoi.

«Le coeur de notre action, c'est la lutte contre le crime. Que ce soit dans les rangs de la police ou à l'extérieur, nous devons nous y attaquer», a martelé vendredi la patronne de la police, qui n'avait pas brillé par sa compassion pour les victimes lors du dernier scandale impliquant ses services, lorsque les policiers avaient abattu 34 mineurs grévistes à Marikana en août 2012.

Interrogée par l'AFP en marge de la conférence de presse, Mme Phiyega a cependant semblé trouver normal que la police, un corps de 200 000 hommes, soit contaminée par la violence de la société sud-africaine: «La police est une énorme institution, alors ce type d'incidents (...) ça arrivera toujours. Et parce que ça arrivera toujours, la grande question est: comment y remédier?»

«Tirez les premiers»

«Que la police ait fait cela en public, alors que des gens filmaient avec leur portable, ça donne la mesure de l'impunité», a commenté vendredi pour l'AFP Frans Cronje, chercheur à l'Institut pour les Relations entre les Races.

Les criminologues expliquent les comportements violents des policiers par leur niveau de stress, dans un pays où des agents en service sont régulièrement abattus par des malfaiteurs. «Lorsque vous voyez un criminel pointer une arme vers vous, ne souriez pas. Le canon n'est pas une caméra. Tirez les premiers pour protéger votre vie», avait préconisé en 2011 un ancien chef de la police lors de funérailles de policiers.

«Depuis des années, explique M. Cronje, les policiers ont appris qu'ils peuvent avoir les comportements les plus brutaux. Quand ça arrive aux oreilles des médias, la seule chose qu'ils risquent, c'est une tape sur les doigts ou alors on étouffe l'affaire discrètement (...) je crois que ce à quoi nous assistons là est une conséquence à long terme» de cette culture de violence impunie, ajoute le sociologue.

 

Les questions témoignaient d'une exaspération, l'un des journalistes demandant notamment si «le nombre de morts dans les commissariats était plus ou moins élevé aujourd'hui que sous l'apartheid», le régime raciste qui réprimait par la violence les volontés d'émancipation des Noirs, avant l'instauration de la démocratie en 1994.

«Chaque mort est une mort de trop», a simplement répondu Mme Phiyega, après avoir annoncé que les huit policiers impliqués dans l'affaire avaient été mis à pied et privés de leur arme, tandis que le chef de leur commissariat a été relevé de ses fonctions, sanction rare en Afrique du Sud.

Le chauffeur de taxi Mido Macia, 27 ans, a été retrouvé mort dans sa cellule deux heures environ après l'incident. L'autopsie a révélé que sa mort a été causée par un traumatisme crânien et une hémorragie interne. Le jeune homme, qui avait émigré en Afrique du Sud à l'âge de dix ans, «n'avait jamais posé de problème dans la population et était toujours prêt à rendre service», a témoigné une voisine sur un média local.

En 2010-11, près de 800 personnes sont mortes en garde à vue ou du fait de la police, selon l'autorité de contrôle de la police, et en 2011, la mort en direct d'un manifestant torse nu et non armé, Andries Tatane, frappé à mort, avait déjà mis le pays en émoi.

«Le coeur de notre action, c'est la lutte contre le crime. Que ce soit dans les rangs de la police ou à l'extérieur, nous devons nous y attaquer», a martelé vendredi la patronne de la police, qui n'avait pas brillé par sa compassion pour les victimes lors du dernier scandale impliquant ses services, lorsque les policiers avaient abattu 34 mineurs grévistes à Marikana en août 2012.

Interrogée par l'AFP en marge de la conférence de presse, Mme Phiyega a cependant semblé trouver normal que la police, un corps de 200 000 hommes, soit contaminée par la violence de la société sud-africaine : «La police est une énorme institution, alors ce type d'incidents (...) ça arrivera toujours. Et parce que ça arrivera toujours, la grande question est : comment y remédier?».

«Si un enfant fait une bêtise, a-t-elle poursuivi, il est important que les parents interviennent et montrent qui commande en disant : ce genre de chose, ce n'est pas ce que nous voulons. Nous avons des règles, des protocoles pour agir».

La mort de Mido Macia a remis au premier rang de l'actualité les relations tendues qu'entretiennent les Sud-Africains avec leur police. «Ce sont des criminels en uniforme, on n'en veut plus», s'insurgeait jeudi Bongani Hlela, un vendeur ambulant de Daveyston, le lieu du drame, reflétant un sentiment largement partagé dans ces quartiers populaires : la peur des uniformes.

La police sud-africaine est connue pour son manque de formation et des méthodes parfois brutales. Elle est réputée corrompue, défaillante en matière de maintien de l'ordre et approximative dans la conduite d'enquêtes criminelles, comme elle l'a récemment montré dans l'affaire du champion handisport Pistorius, accusé du meurtre de sa petite amie.

Les criminologues notent que l'Afrique du Sud est une nation traumatisée par le niveau de violence, même si le nombre d'homicides a beaucoup chuté ces dernières années.

Dans ce contexte, les policiers, qui tombent régulièrement sous les balles des criminels, sont sur les dents. «Lorsque vous voyez un criminel pointer une arme vers vous, ne souriez pas. Le canon n'est pas une caméra. Tirez les premiers pour protéger votre vie», avait dit en 2011 un ancien chef de la police lors de funérailles de policiers.