Au moins une personne est morte et plusieurs autres ont été blessées dimanche dans une attaque à la grenade contre un bar de Mombasa, qui retransmettait un match de l'Euro 2012, 48 heures après une mise en garde des États-Unis contre le risque imminent d'une attaque dans cette ville touristique côtière kényane, a annoncé la police.

Selon le chef de la police de la province côtière, Aggrey Adoli, trois blessés sont dans un état critique.

L'attaque a eu lieu dans un bar appelé Jericho, situé à Mishomoroni, un quartier densément peuplé. Le bar retransmettait le quart de finale de l'Euro 2012 de football opposant l'Italie à l'Angleterre.

«L'attaque est survenue vers 10 h du soir» (15 h, à Montréal), a précisé une source policière à Mombasa sous couvert de l'anonymat.

Un témoin, George Lado, a raconté à l'AFP avoir vu «beaucoup de personnes blessées». «J'ai vu une partie du bar soufflée, avant de m'enfuir,» a-t-il ajouté.

Dans un message aux ressortissants américains, l'ambassade des États-Unis à Nairobi avait averti vendredi «avoir reçu des informations sur une menace imminente d'attaque terroriste à Mombasa», la deuxième ville du Kenya.

«Tous les déplacements gouvernementaux américains à Mombasa sont suspendus jusqu'au 1er juillet», avait-elle précisé. «Tout le personnel administratif américain doit quitter Mombasa», avait-elle ajouté.

Dans la foulée de l'avertissement américain, l'ambassade de France à Nairobi à son tour avait «recommandé la plus grande vigilance» à ses ressortissants dans la «ville de Mombasa et ses environs».

Quelques heures avant l'attaque dimanche soir, les autorités kényanes avaient elles pourtant protesté contre la mise en garde américaine.

«C'est un conseil irresponsable et totalement injustifié», a estimé Francis Kimemia, chef de l'administration kényane. «Il vise à saboter l'économie du pays».

«Nous avons écrit (à l'ambassade américaine) pour qu'ils annulent leur décision», a-t-il ajouté. «Le gouvernement a la capacité de contenir les menaces terroristes dans notre pays», a martelé le responsable.

En mai, une attaque à la grenade dans un bar-restaurant fréquenté de Mombasa avait déjà fait un mort.

L'ambassade américaine a émis plusieurs alertes sur le risque d'attaques «terroristes» au Kenya depuis que l'armée kényane est entrée, fin 2011, dans le sud de la Somalie pour en déloger les rebelles islamistes shebab et que ces derniers ont menacé de frapper le pays en représailles.

La capitale Nairobi a elle aussi été frappée par plusieurs explosions ces derniers mois. Fin mai, l'une d'elle, visant un centre commercial du centre, a fait un mort et plus de 30 blessés.

Les différentes attaques ont jusqu'ici généralement été attribuées aux shebab par les autorités kényanes. Mais les rebelles islamistes, récemment intégrés à Al-Qaïda, ne les ont pas revendiquées.