Hier, un groupe de jeunes officiers maliens a annoncé à la télévision avoir pris le contrôle du pays d'Afrique de l'Ouest et renversé le président en place. Ce qui semble être un coup d'État en a surpris plusieurs. Pourtant, les signes avant-coureurs ne manquaient pas. Cinq choses à savoir sur la situation tendue dans ce pays du Sahel.

Putschistes

Le groupe qui est apparu à la télévision nationale hier n'était pas connu avant son geste d'éclat. Devant les caméras, une dizaine de jeunes officiers en mutinerie ont affirmé représenter le «Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l'État». Ils ont critiqué le président malien pour sa mauvaise gestion du conflit dans le nord du pays, en n'armant notamment pas assez les soldats lorsque ces derniers font face aux rebelles touaregs. Les putschistes ont aussi annoncé l'imposition d'un couvre-feu, la dissolution des institutions du pays et la suspension de la Constitution, mais affirment vouloir rétablir le tout bientôt. Hier, certains d'entre eux se seraient livrés à des pillages dans le palais présidentiel de Bamako. On ignore toujours si ce groupe a l'appui de la majorité de l'armée.

Amadou Toumani Touré

Le président Touré n'en est pas à sa première expérience en matière de coup d'État. En 1991, il était général quand il a lui-même renversé l'ex-dictateur Moussa Traoré, qui s'accrochait au pouvoir depuis 20 ans. Quelques mois plus tard, il avait redonné le pouvoir au peuple. Vingt ans plus tard, il a été élu président et a été réélu en 2007 lors d'élections considérées «généralement libres et justes» par le Freedom House, groupe de recherche américain. Il a annoncé il y a plusieurs mois qu'il comptait quitter le pouvoir après les élections qui devaient avoir lieu le 29 avril. Hier, des soldats qui lui sont restés fidèles affirmaient qu'il était en sécurité. Plusieurs de ses ministres cependant auraient été arrêtés par les mutins.

Touaregs

Peuple du désert, les Touaregs sont près de 1,5 million dans le Sahara. Au cours des derniers mois, un groupe d'entre eux est rentré de Libye, où il a combattu au sein des forces fidèles à Mouammar Kadhafi. Après la mort de l'ex-dictateur libyen, ces derniers sont revenus au Mali armés jusqu'aux dents. En octobre 2011, plusieurs factions se sont regroupées sous le chapeau du Mouvement national pour la libération de l'Azawad et revendiquent la création d'un État touareg indépendant. Ils contrôlent plusieurs garnisons maliennes à la frontière de l'Algérie. Le combat qui les oppose aux forces maliennes depuis janvier a fait des dizaines de morts en quelques mois.

Al-Qaïda

Les Touaregs ne sont pas les seuls dans le désert. Chevauchant le territoire entre le Mali, la Mauritanie, le Maroc et l'Algérie, Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) y a aussi élu domicile et enlève régulièrement des voyageurs étrangers, détruisant du coup un des principaux gagne-pain des Touaregs: le tourisme. Malgré cela, selon des experts, certains groupes touaregs auraient des liens directs avec la nébuleuse terroriste islamiste, dont ils partagent certaines idées.

Crise humanitaire

L'instabilité dans le nord du Mali a forcé 80 000 personnes à trouver refuge dans les pays avoisinants, soit le Niger, le Burkina Faso et la Mauritanie, selon les chiffres les plus récents du Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies. L'arrivée des réfugiés ne pourrait tomber plus mal. Toute la région du Sahel est frappée par une importante sécheresse et une crise alimentaire. En plus des réfugiés, 70 000 autres Maliens ont dû se déplacer à l'intérieur du pays pour se mettre à l'abri des combats. Ces migrants forcés ont difficilement accès à l'eau et aux pâturages essentiels pour la survie de leurs animaux.