Pour donner une chance à la négociation, les syndicats du Nigeria ont annoncé la suspension pendant le week-end de la grève générale qui paralyse le pays depuis une semaine et menace de s'étendre au secteur-clé du pétrole.

«Le mouvement syndical et ses alliés de la société civile, après des consultations nationales, ont décidé que ce week-end sera sans grève et sans manifestation», ont déclaré vendredi les deux principales centrales syndicales dans un communiqué conjoint.

De nouvelles négociations avec le gouvernement sont prévues samedi après l'échec d'une première rencontre jeudi. Cette pause dans le mouvement doit permettre aux populations de se ravitailler, selon les syndicats.

«Mais lundi matin, ce sera l'affluence maximum» si le gouvernement ne revient pas sur la récente hausse des prix du carburant, due à la suppression de subventions, à l'origine de la grève lancée lundi, a averti le président de la grande confédération du Congrès des travailleurs du Nigeria, Abdulwahed Omar, lors d'un rassemblement dans la capitale fédérale Abuja.

Ce répit laisse une fenêtre d'opportunité limitée, car les syndicats du pétrole ont menacé d'arrêter la production de brut dès dimanche à 0 h si aucune solution à la crise sociale n'a été trouvée d'ici là.

Le mot d'ordre a déjà provoqué une hausse des prix pétroliers sur les marchés internationaux.

Les représentants des syndicats avaient rencontré jeudi le président Goodluck Jonathan et plusieurs responsables gouvernementaux, première amorce de dialogue depuis le début du mouvement très suivi, car la forte hausse du prix des carburants depuis le 1er janvier frappe de plein fouet une population majoritairement pauvre.

Ils ont indiqué avoir demandé au président Jonathan de suspendre la hausse des prix du pétrole en échange d'une fin de la grève, mais le gouvernement a proposé de négocier de nouveaux prix des carburants.

Après la rencontre, un leader syndical a annoncé que les négociations étaient suspendues et reprendraient samedi. Il était alors prévu que la grève continue.

Des dizaines de milliers de personnes ont participé à des manifestations depuis lundi et des heurts avec la police ont fait plusieurs morts.

Le gouvernement est également soumis à de fortes tensions sur un autre front, celui des violences entre chrétiens et musulmans qui ont fait des dizaines de morts depuis Noël.

Maisons et mosquées incendiées

Deux personnes ont été tuées et des mosquées incendiées dans l'attaque par des chrétiens d'un village à majorité musulmane du nord-est, selon des habitants et des responsables locaux.

«Vers 23h30 jeudi (17h30, heure de Montréal), une foule venue d'Imbur a attaqué le village de Gwalam, mettant le feu à des maisons et à des mosquées», a dit Abubakar Hussaini. Imbur est un village à majorité chrétienne, Gwalam à majorité musulmane.

«Nous avons pour l'instant deux morts et nous ignorons le sort de certains villageois qui ont fui dans la brousse», a-t-il ajouté.

L'attaque s'est produite dans l'État d'Adamawa, théâtre de récentes violences interconfessionnelles et qui doit élire le 21 janvier son gouverneur.

Les violences ethniques et religieuses sont fréquentes en période électorale, mais certains habitants estiment que l'attaque du village de Gwalam vient en représailles à de récents assassinats de chrétiens revendiqués par le groupe islamiste Boko Haram.

Gamo Jika, un des responsables d'une organisation islamique de l'État d'Adamawa, la Jama'atu Nasri Islam, a confirmé la mort de deux personnes.

Le Nigeria est pris dans une escalade des violences imputées pour la plupart au mouvement islamiste Boko Haram depuis des attentats contre des fidèles chrétiens à la sortie de la messe de Noël.

Les attaques ont fait craindre des représailles et jusqu'à une guerre civile dans un pays divisé à parts égales entre chrétiens et musulmans, les premiers majoritaires dans le sud, les seconds dans le nord.