Le gouvernement de Khartoum et le Sud-Soudan ont signé lundi un accord pour démilitariser la région disputée d'Abyei, mais l'inquiétude demeure pour le Kordofan-Sud, où les forces soudanaises ont menacé d'abattre les avions de l'ONU, selon les États-Unis.

À quelques semaines de la déclaration formelle d'indépendance du Sud-Soudan le 9 juillet, l'accord prévoit le déploiement de 4000 Casques bleus éthiopiens, le retrait des forces soudanaises et la démilitarisation d'Abyei, une enclave entre le sud et le nord-Soudan, a déclaré au Conseil de sécurité de l'ONU le médiateur de l'Union africaine (UA) Thabo Mbeki.

L'ancien président sud-africain a expliqué que l'accord avait été signé «dans l'heure précédant» son intervention devant le Conseil de sécurité, réalisée en duplex vidéo depuis Addis Abeba.

«Ce sont des informations encourageantes», a déclaré Susan Rice, l'ambassadrice des États unis à l'ONU. Les États-Unis surveillent la situation de près dans la région et ont été impliqués dans plusieurs initiatives pour tenter de rassembler les deux parties.

Mme Rice a déclaré qu'il était important que les Casques bleus éthiopiens soient déployés aussi vite que possible à Abyei.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, cité par son porte-parole, a salué l'accord et invité les parties à «cesser immédiatement les hostilités» au Kordofan-Sud.

Khartoum a qualifié l'accord de «solution durable». Le chef négociateur du gouvernement soudanais (nordiste), Al-Dirdiri Mohammed Ahmed a indiqué que le gouvernement était satisfait de l'accord qui respecte ses principales préoccupations concernant cette région, en premier lieu qu'elle reste dans le Nord.

Les 4000 soldats éthiopiens que l'ONU veut déployer à Abyiei seront l'une des plus grandes forces jamais déployées sur un si petit territoire, ont indiqué des responsables.

Il y a actuellement quelque 1000 soldats de l'ONU à Abyei qui mesure juste 10 000 km2 et par comparaison l'ensemble de la mission de l'ONU dans le nord et le sud-soudan qui s'étendent sur 2,5 millions de km2 est de 10 000 soldats et policiers.

Le représentant de l'ONU au Soudan, Haile Menkerios, a déclaré que les Nations unies seraient «prêtes à aider un déploiement rapide de ces troupes» dès que le Conseil de sécurité aura donné son accord.

Nord et Sud-Soudan se disputent l'enclave d'Abyei, où des troupes nordistes sont entrées le 21 mai dernier, en réponse à une attaque meurtrière contre un convoi de l'armée.

M. Mbeki a expliqué que l'accord pouvait également laisser espérer une fin au conflit du Kordofan-Sud. Mais la représentante de Washington a déclaré que les forces soudanaises avaient menacé d'abattre les avions de l'ONU, dans cette région en proie à des affrontements entre l'armée de Khartoum et les partisans du Sud-Soudan.

Les forces soudanaises «ont menacé d'abattre des avions de patrouille de l'UNMIS (mission des Nations unies dans le pays), elles ont pris le contrôle de l'aéroport de Kadugli (principale ville de la région) et refusé aux vols de l'UNMIS le droit d'atterrir», a déclaré Mme Rice.

Mme Rice a expliqué que jusqu'à 75 000 personnes avaient fui. «Les informations que mon gouvernement reçoit sur les combats en cours sont horribles à la fois en raison de l'étendue des violations des droits de l'homme et du fait des dimensions ethniques du conflit», a expliqué Mme Rice.

Elle a ajouté que des forces pro-Khartoum auraient arrêté et exécuté des partisans du Sud.

Les derniers affrontements au Soudan font craindre une flambée de violence lors de l'indépendance du Sud, acquise aux termes d'un accord de 2005 qui a mis fin à une guerre civile responsable de quelque 2 millions de morts.