La police marocaine était en état d'alerte jeudi après un attentat qui a fait au moins 14 morts, dont des Français et un Néerlandais, au coeur de la ville touristique de Marrakech.

Rabat, Paris et Madrid, suivis par Washington, ont dénoncé cette attaque «terroriste» contre un café dans le centre de cette cité historique, première destination des visiteurs étrangers au Maroc, à 350 km au sud de Rabat.

Il s'agit de l'attentat le plus meurtrier dans ce royaume d'Afrique du Nord depuis les attaques islamistes de 2003 à Casablanca, et le roi Mohammed VI a réagi immédiatement en exigeant une enquête rapide.

Peu après, le président français Nicolas Sarkozy a condamné cet «attentat terroriste»  -un «acte odieux, cruel et lâche», a-t-il dit-, et l'Espagne également.

La déflagration à la mi-journée a soufflé l'établissement Argana, très fréquenté par les touristes, sur la célèbre place Jamâa El-Fna.

Dans la soirée, le ministre de l'Intérieur, Taib Cherkaoui, parlant à la presse à Marrakech, a annoncé que l'attentat avait fait 14 victimes.

«Les cadavres de 11 étrangers et de 3 ressortissants marocains ainsi que 23 blessés ont été évacués vers le centre hospitalier universitaire Ibn Tofail, l'hôpital militaire Ibn Sina et deux cliniques privées», a déclaré le ministre.

Tôt vendredi, le ministère néerlandais des Affaires étrangères annonçait la mort d'un de ses ressortissants. Deux autres Néerlandais sont grièvement blessés, a ajouté le porte-parole du ministère.

Selon des sources médicales marocaines, huit Français sont au nombre des morts, et dans la soirée une source gouvernementale française a confirmé qu'il y avait des tués français, sans en préciser le nombre.

Dans un premier temps, une source officielle marocaine a fait état d'un attentat kamikaze, mais le ministre de l'Intérieur Cherkaoui s'est refusé a confirmé cette thèse.

«Je ne peux pas dire s'il s'agit d'un kamikaze», a-t-il déclaré à l'AFP.

Il a indiqué que des recherches étaient en cours pour «l'identification des auteurs de ce crime», et que le Maroc allait «continuer à combattre le terrorisme par tous les moyens juridiques».

«Avec l'aide des pays amis et voisins, nous allons procéder à l'enquête pour déterminer les circonstances et les auteurs de ce crime», a précisé le ministre de l'Intérieur.

Une organisation d'extrémistes islamistes, Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) est active dans des pays de la région -Algérie, Mali, Niger et Mauritanie- et détient quatre otages français, enlevés au Niger.

La secrétaire d'État américaine, Hillary Clinton, a condamné jeudi dans un communiqué «l'attentat terroriste (...) lâche», assurant que Washington se tenait «aux côtés du peuple marocain dans cette période difficile» et offrant son «assistance complète» à Rabat pour retrouver les auteurs de l'attentat.

Le secrétaire général du Conseil de l'Europe, Thorbjorn Jagland, s'est dit «profondément choqué» par l'attentat.

Les forces de sécurité marocaines se sont déployées dans le pays. «Des barrages ont été dressés à l'entrée des grandes villes du Maroc pour assurer la sécurité intérieure du pays», a indiqué à l'AFP un haut responsable de la police.

Dans une déclaration à l'AFP, le ministre marocain de la Communication Khalid Naciri a stigmatisé «un acte terroriste». «Le Maroc est confronté aux mêmes menaces qu'en mai 2003 et il y fera face avec diligence», a-t-il ajouté.

Le 16 mai 2003, des attentats menés par des islamistes à Casablanca avaient tué 33 personnes et les 12 kamikazes impliqués.

Le roi Mohammed VI, qui a succédé à son père en juillet 1999, a prestement réagi et exigé que la police et la justice tiennent le public informé des conclusions de leur enquête, selon un communiqué du cabinet royal.

L'explosion s'est «produite sur la terrasse du café» Argana, a assuré à l'AFP Latifa Idrissi, la femme d'un serveur -Yassine Bouzidi, 28 ans-, tué dans l'attentat.

Selon un autre client du café, sorti indemne de l'attentat, «un individu est rentré au café. Il a commandé un jus d'orange et quelques minutes plus tard, il s'est fait exploser».

Un étudiant qui se trouvait devant l'établissement a raconté avoir entendu trois fortes détonations et avoir vu des victimes fuir après l'explosion.

Le Maroc, pays de 32 millions d'habitants dont l'économie est liée au tourisme, a été relativement épargné par les révoltes dans le monde arabe depuis le début de l'année.

Début mars, le roi a annoncé d'importantes réformes. À la mi-avril, il a gracié de nombreux détenus politiques.