L'Égypte annonce mardi soir les résultats officiels du premier tour des législatives, qui devraient voir une nette domination du Parti national démocrate (PND, au pouvoir) et une déroute de l'opposition islamiste après un scrutin marqué par des accusations de fraude.

À Washington, la Maison-Blanche s'est dite «déçue» par les conditions du déroulement du vote et a qualifié d'«inquiétantes» les informations sur des fraudes constatées lors du scrutin de dimanche.

Des observateurs et des journaux égyptiens ont aussi fait état de nombreux cas de violences et d'irrégularités.

D'après le quotidien gouvernemental Al-Ahram, le PND a remporté plus de 170 des 508 sièges en lice dès le premier tour, soit près d'un tiers du Parlement, tandis que les Frères musulmans, qui contrôlent un cinquième de l'Assemblée sortante, n'ont obtenu aucun siège.

«Les Frères... zéro», écrit le quotidien indépendant Al-Masri Al-Yom, en parlant d'une «mainmise» du PND du président Hosni Moubarak.

Al-Ahram et Al-Masri Al-Yom rapportent également que l'opposition laïque n'a remporté que six sièges en tout, dont trois pour le parti libéral Wafd.

«Une Assemblée sans opposition», estime en Une le quotidien indépendant Al-Chourouq, en ajoutant que lors du second tour le 5 décembre, «le PND va essentiellement s'affronter lui-même».

Dans un communiqué, le Wafd a demandé à la commission électorale de suspendre l'annonce des résultats jusqu'à ce qu'elle enquête sur les plaintes, estimant que le gouvernement n'avait pas respecté «la promesse présidentielle de garantir la transparence des élections».

Les Frères musulmans avaient indiqué lundi qu'ils ne comptaient être présents que dans une vingtaine de circonscriptions lors du second tour, mettant leur défaite annoncée sur le compte d'élections «truquées».

Mardi, la confrérie a fait savoir qu'elle réfléchissait à un possible retrait. «Nous sommes en train d'étudier si nous continuons ou pas» à participer au processus électoral, a déclaré Mohammed Mursi, un responsable islamiste.

Les autorités se sont en revanche félicitées du «haut degré de transparence» du scrutin.

Les résultats du premier tour doivent être annoncés lors d'une conférence de presse prévue en début de soirée, selon un communiqué officiel.

Au moins trois personnes ont été tuées par balle lors de heurts entre partisans de candidats rivaux, selon le ministère de l'Intérieur.

La Coalition indépendante pour l'observation des élections, une fédération d'observateurs non-gouvernementaux égyptiens, a décrit en détail 83 cas d'irrégularités ou de violences, en estimant que le scrutin avait eu «un goût de sang et une odeur de poudre».

Le PND est mis en cause dans un grand nombre de cas, mais des candidats indépendants ou d'autres partis sont aussi cités.

Le porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain, Michael Hammer, a déclaré que «les informations sur des irrégularités dans les bureaux de vote, l'absence d'observateurs étrangers, des embûches imposées aux observateurs locaux, et des restrictions aux libertés d'association, d'expression et de la presse sont inquiétantes».

Le pouvoir égyptien ne cache pas depuis des mois sa volonté d'affaiblir la représentation parlementaire islamiste avant l'élection présidentielle de 2011, pour laquelle M. Moubarak, 82 ans, n'a pas encore dit ses intentions, même si son entourage assure qu'il briguera un nouveau mandat.