Le Sud-Soudan pourrait organiser son propre référendum d'indépendance si celui prévu en janvier rencontre des retards «importants», a affirmé le président sudiste Salva Kiir à des  représentants du Conseil de sécurité de l'ONU, en visite dans la région.

Les ambassadeurs du Conseil de sécurité ont eu des discussions «très franches» mercredi soir avec M. Kiir à propos du référendum du 9 janvier, qui pourrait mener à la partition du Soudan, plus vaste pays d'Afrique, a indiqué jeudi l'ambassadeur britannique Mark Lyall Grant.

M. Kiir a dit aux membres de la mission que si un «retard important» était causé par le Parti du congrès national du président soudanais Omar el-Béchir (NCP, nord), le sud se «réservait le droit de tenir son propre référendum» sans passer par la commission référendaire nationale, a souligné M. Lyall Grant.

Les Sud-Soudanais doivent choisir le 9 janvier entre le maintien de l'unité avec le reste du Soudan ou l'indépendance. Un second référendum est prévu simultanément sur le statut de la région contestée d'Abyei, située à la lisière du Nord et du Sud du Soudan.

L'inscription des électeurs sur les listes électorales pour le référendum du Sud-Soudan doit commencer le 14 novembre et les listes doivent être publiées le 31 décembre.

Ce calendrier très serré, doublé de tensions politiques entre nordistes et sudistes, pourrait mener à un report des scrutins, selon plusieurs observateurs, bien que M. Kiir ait déjà déclaré que la date du 9 janvier était «sacro-sainte», voire «divine».

«Il pourrait y avoir un report d'une semaine ou deux, mais puisque tout le monde aura sa carte d'électeur (après l'inscription sur les listes électorales), je ne vois pas de raison d'être pessimiste», a dit cette semaine le vice-président de la commission référendaire, le sudiste Chan Reec.

Des leaders sudistes avaient déjà évoqué la possibilité d'une déclaration d'indépendance - qu'ils n'estiment pas être unilatérale - si le référendum d'autodétermination était compromis. Selon les auteurs de ce scénario, un référendum organisé par le Sud-Soudan viendrait donner une légitimité populaire à une déclaration d'indépendance.

Les référendums du Sud-Soudan et d'Abyei sont des points-clés de l'accord de paix global (CPA) qui a mis fin en 2005 à plus de deux décennies de guerre civile entre le Nord et le Sud. La période intérimaire de six ans se termine en juillet prochain.

Un recours des sudistes à leur propre référendum jetterait de l'huile sur le feu entre le Nord et le Sud, dont les relations sont déjà tendues. Et il risquerait de poser un problème de reconnaissance internationale à cet éventuel nouvel État au coeur du continent africain.

Quant à l'organisation du référendum d'Abyei, elle est actuellement dans l'impasse. La commission chargée d'organiser ce scrutin n'a toujours pas été nommée.

La loi référendaire d'Abyei accorde nommément le droit de vote à la tribu sudiste Dinka Ngok, mais pas aux nomades arabes nordistes Messiriya, qui migrent chaque année à Abyei en quête de pâturages pour leur bétail.

Les Messiriya exigent d'obtenir le droit de vote. Des discussions ont lieu cette semaine en Ethiopie, sous la supervision de l'émissaire américain Scott Gration, afin de débloquer la situation.

Par ailleurs, l'avion transportant la délégation du Conseil de sécurité a éprouvé des difficultés techniques jeudi à l'aéroport de Juba, forçant l'annulation de la visite de la ville de Wau, selon un journaliste de l'AFP voyageant avec la délégation.

Les ambassadeurs restaient attendus jeudi après-midi à El-Facher, capitale historique du Darfour, région de l'ouest du Soudan en proie depuis sept ans à une guerre civile complexe.