Les insurgés islamistes shebab ont lancé jeudi une nouvelle attaque à Mogadiscio contre les forces gouvernementales et la force de paix de l'Union africaine (Amisom), au cours de laquelle au moins 19 civils ont été tués, ont indiqué des sources médicales et des témoins.

Les combats ont éclaté à l'aube dans plusieurs quartiers de la capitale somalienne, a constaté le correspondant de l'AFP.

Les insurgés ont attaqué les positions des forces du gouvernement de transition (TFG) et de l'Amisom sur les lignes de front au nord et au sud de la ville, avec de violents échanges d'artillerie.

«Nous avons compté 19 civils tués dans les combats jusqu'à présent, au moins 86 ont été blessés. La plupart ont été victimes de bombardements sur le marché de Bakara», un bastion de l'insurrection, a indiqué à l'AFP le chef du service de ambulances de Mogadiscio, Ali Muse.

«C'est un désastre, ils ont tué des civils innocents en bombardant un marché densément peuplé», a-t-il accusé.

«Je n'ai jamais vu un tel bain de sang, neuf personnes sont mortes d'un coup à Bakara» quand un obus de mortier s'est abattu sur un camion rempli de passagers, a raconté un témoin, Abdirahman Adan.

«Des femmes et des enfants figurent parmi les victimes», selon un autre témoin, Ahmed Abdulahi, interrogé par l'AFP.

Les combats se poursuivaient de façon sporadique à la mi-journée dans les districts d'Hodan et Holwadag (sud), Bondhere et Shibis (nord).

Cette nouvelle attaque shebab intervient après une violente offensive lancée le 23 août par les insurgés dans la capitale et qui a duré près d'une dizaine de jours. Les forces du TFG avaient alors abandonné plus d'une dizaine de leurs positions avancées sur les lignes de front, forçant l'Amisom à intervenir pour les remplacer.

À l'issue de cette offensive, les shebab se sont notamment rapprochés à un pâté de maisons d'un axe stratégique, l'avenue Maka al-Mukarama qui relie le port et l'aéroport, un corridor vital pour la force de paix.

Les civils sont de loin les principales victimes de la bataille de Mogadiscio. S'il n'existe pas de données fiables sur le nombre exact de victimes civiles, plusieurs milliers d'habitants de Mogadiscio sont morts dans les combats ces trois dernières années et des centaines de milliers ont été déplacés au moins une fois.

Plusieurs associations de défense des droits de l'Homme ont accusé les deux camps de tirs indiscriminés sur des quartiers densément peuplés. L'Amisom affirme tout faire pour épargner les civils tandis que le gouvernement a assuré que des insurgés ayant péri dans ces combats étaient parfois inclus dans les bilans en tant que civils.

«Au moment où ils arrivent à l'hôpital, les corps ont été débarrassés de leurs armes, munitions et autre attirail et ils ont l'air de civils ordinaires», affirmait récemment le ministère de l'Information dans un communiqué.

«Nous savons que des civils sont blessés ou tués dans les combats (...) mais nous soupçonnons qu'une partie des pertes civiles enregistrées soient aussi composées d'extrémistes tués dans les combats», poursuivait le communiqué.