Les trois mouvances opposées à l'actuel homme fort de Madagascar, Andry Rajoelina, ont répondu vendredi favorablement à une proposition de compromis de l'Union Africaine (UA) pour relancer le processus de sortie de crise.

La mouvance de M. Rajoelina n'a quant à elle pas encore rendu publique sa position, mais plusieurs déclarations de l'intéressé laissent penser que la réponse sera négative.

Le 21 janvier, Jean Ping, président de la Commission de l'UA avait transmis aux quatre mouvances malgaches une série de mesures pour trouver une issue à la crise dans la Grande Ile, prévoyant un partage du pouvoir le temps de la transition. M. Ping leur avait accordé un délai de quinze jours pour donner leur position.

Dans un document publié par la presse malgache, la mouvance du président évincé Marc Ravalomanana a déclaré «adhérer à cette proposition de compromis», faisant cependant quelques observations sur le partage des postes ministériels et le calendrier à adopter.

Dans une lettre adressée à l'UA et que s'est procurée l'AFP, l'ancien président Didier Ratsiraka dit «accepter globalement les mesures de compromis».

Interrogé par l'AFP, Emmanuel Rakotovahiny, chef de la mouvance de l'ex-chef d'État Albert Zafy, a déclaré lui aussi adhérer aux propositions de M. Ping.

Ces trois mouvances réclament depuis décembre l'application des accords de Maputo, alors que M. Rajoelina a décidé de sortir de ce cadre, en limogeant notamment le premier ministre de consensus et en annonçant unilatéralement la tenue prochaine d'élections législatives.

Dès la remise des propositions de M. Ping, M. Rajoelina lui avait répondu qu'une «cohabitation au sein des différentes institutions s'avère être très difficile, voire impossible».

Lors d'un séjour en France ces derniers jours, M. Rajoelina a réaffirmé sa volonté «de recourir le plus vite possible à des élections» et le maintien du gouvernement actuel dans l'immédiat.

Il a cependant suggéré «la mise en place d'un Conseil Supérieur de Contrôle de la Transition (CSCT), contre-pouvoir de l'exécutif pendant la période préélectorale», dont le président et deux vice-présidents seraient nommés par l'opposition, et qui serait chargé de ratifier les ordonnances prises en conseil des ministres.

Le 2 février, l'UA, réunie en sommet, avait appelé au respect des accords de sortie de crise et demandé «au régime illégal à Madagascar de mettre fin à ses tentatives d'imposer des solutions unilatérales».

Madagascar, île pauvre de l'océan Indien, est plongée dans une crise politique grave depuis fin 2008, qui a conduit à l'éviction en mars 2009 du président Marc Ravalomanana et à son remplacement par son principal opposant et ancien maire d'Antananarivo, Andry Rajoelina, 35 ans, soutenu par l'armée.