Les États-Unis ont révoqué le visa d'un haut responsable du gouvernement kényan à l'identité non révélée, accusé de faire obstacle aux réformes décidées après la crise post-électorale de début 2008, a annoncé lundi le secrétaire d'État adjoint aux Affaires africaines Johnnie Carson.

«Soulignant notre détermination quant à la nécessité de réformes au Kenya, j'annonce aujourd'hui que le gouvernement américain a pris la décision de révoquer le visa d'un haut responsable du gouvernement kényan», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à Nairobi. M. Carson n'a pas révélé le nom du responsable, le décrivant seulement comme «un responsable du gouvernement ayant de l'influence».

Ce dernier «a fait obstruction au processus de réformes, échoué à enrayer le cycle d'impunité et a été un obstacle à la lutte contre la corruption».

M. Carson a précisé que les États-Unis «étudiaient activement la mise en oeuvre de mesures similaires contre trois autres hauts responsables du gouvernement».

Cette mesure et son annonce publique constituent à ce jour l'expression la plus tangible du ressentiment de Washington face à l'échec de son allié régional à mettre en oeuvre des réformes décidées à la suite des violences post-électorales meurtrières de fin 2007 début 2008.

Le 24 septembre, l'ambassadeur américain au Kenya, Michael Ranneberger, avait annoncé l'envoi de lettres d'avertissement à 15 responsables kényans, dont des ministres, des parlementaires et des hauts fonctionnaires, menacés d'interdiction de voyager aux États-Unis.

Au moins 1500 personnes ont été tuées et environ 300 000 déplacées dans les violences qui ont éclaté à la suite de la réélection du président Mwai Kibaki, le 27 décembre 2007, entachée de fraudes selon son principal rival Raila Odinga.

Les deux hommes, sous la pression de la communauté internationale, avaient signé un accord de partage du pouvoir et M. Odinga est devenu le 13 avril 2008 premier ministre d'un gouvernement de coalition régulièrement dénoncé pour sa lenteur à mettre en place des réformes (nouvelle constitution, réforme agraire etc) et son incapacité à juger les auteurs des violences.