Pour la première fois depuis la mise en place du dispositif en juillet, des militaires français assurant la protection à bord de bateaux de pêche français dans l'océan Indien ont ouvert le feu samedi matin sur des pirates somaliens pour repousser une attaque contre deux thoniers.

Un navire des garde-côtes des Seychelles a ensuite capturé un bateau mère et un petit esquif de ces pirates, tandis qu'une autre petite embarcation a pu prendre la fuite. Vers minuit, des pirates ont approché les deux bateaux français, le Drennec et le Glénan, présents dans ces eaux très poissonneuses au large de la Somalie.

«Trois petites vedettes d'environ quatre mètres, presque invisibles et que nous avons eues au radar au dernier moment, nous ont poursuivis», a déclaré à l'AFP un marin à bord du Drennec.

Les militaires français présents à bord des deux thoniers ont tiré des «artifices éclairants», puis effectué «des tirs d'intimidation» avant d'ouvrir le feu sur les assaillants, qui ont finalement abandonné l'attaque, selon l'état-major français des armées.

L'incident, qui a eu lieu à environ 195 milles nautiques (350 km) au nord de l'archipel des Seychelles, n'a fait aucun blessé côté français.

À la mi-journée, un navire des garde-côtes des Seychelles, «le Topaze, qui patrouillait dans la région au moment de l'incident, a localisé en visuel le bateau mère des pirates», et est intervenu pour prendre en chasse les pirates, a indiqué une source occidentale dans la zone.

Le secrétaire d'État français aux Affaires européennes, Pierre Lellouche, en visite à Djibouti, s'est félicité du bon fonctionnement du dispositif de protection des bateaux de pêche.

Pour lui, cet évènement «montre que les agressions des pirates sont en train de repartir après la mousson et le Ramadan (...), qu'ils vont de plus en plus loin, parce que les Seychelles c'est très éloigné du Puntland (nord de la Somalie) où ils ont leur repaire».

Mais au-delà du problème maritime, «il est temps (...) de commencer à traiter le problème à terre. Nous avons l'espoir de passer à l'étape suivante et que les Français ne soient plus les seuls à former l'armée somalienne», a poursuivi M. Lellouche, pour qui la solution passe par la formation des forces de sécurité du gouvernement de transition somalien.

C'est la première fois que des soldats français, qui assurent depuis juillet la protection à bord d'une dizaine de thoniers, ouvrent le feu sur des pirates.

Les thoniers espagnols pêchant dans la zone réclament une protection identique. L'un de ces bateaux espagnols, le thonier géant Alakrana, a été capturé le 2 octobre entre la Somalie et les Seychelles, avec 36 marins à son bord.

Une soixantaine de fusiliers marins français participent à cette opération, mise en place à la demande des armateurs et qui ne s'inscrit ni dans les opérations anti-piraterie de l'Union européenne («Atalante») ni dans celles de l'OTAN dans le golfe d'Aden et l'océan Indien.

Mercredi, des pirates somaliens avaient attaqué par méprise dans la nuit le navire de commandement des forces militaires françaises dans l'océan Indien, le pétrolier-ravitailleur La Somme, qui avait fait prisonnier cinq assaillants.

Les pirates somaliens détiennent actuellement 4 navires étrangers et 111 marins, selon l'ONG Ecoterra International, qui suit les questions de piraterie dans le Golfe d'Aden et l'océan Indien.

Les actes de piraterie se multiplient au large des côtes de la Somalie, en proie depuis 1991 à des combats violents et où le fragile gouvernement de transition du président Sharif Cheikh Ahmed est soumis à des attaques incessantes des islamistes radicaux.