Le Darfour soudanais n'est «plus en guerre» selon les Casques bleus, mais le chemin de la paix y demeure jonché d'obstacles que les États-Unis tentent de franchir en fédérant les mouvements rebelles, pour faciliter d'éventuels pourparlers avec le gouvernement de Khartoum.

Génocide, nettoyage ethnique, guerre civile..., autant de qualificatifs pour ce conflit qui a commencé en 2003 avec des affrontements entre des mouvements armés -affirmant vouloir mettre fin au sous-développement de cette vaste région paupérisée- et le gouvernement central de Khartoum. Après les grandes vagues de violence des premiers jours, le nombre de décès attribuables au conflit est descendu sous la centaine par mois, estiment aujourd'hui de hauts responsables de la Mission de paix hybride des Nations unies et de l'Union africaine (Minuad).

«À ce jour, je ne dirais pas qu'il y a une guerre au Darfour», a affirmé cette semaine le commandant nigérian Martin Luther Agwai, chef sortant des opérations militaires de la mission, soulignant néanmoins que les actes de banditisme étaient devenus monnaie courante.

«C'est vraiment un conflit de basse intensité, la phase de la guerre à grande échelle est terminée», a-t-il ajouté, contrastant avec les propos du président américain Barack Obama, qui affirmait début juillet qu'il y avait un génocide en cours au Darfour.

Le conflit dans cette région a fait 300 000 morts selon l'ONU -10.000 d'après Khartoum- et 2,7 millions de déplacés.

M. Agwai attribue en partie le déclin des combats à l'éclatement de la rébellion en une vingtaine de chapelles, ce qui limite la capacité de chaque groupe à mener des attaques d'envergure.

Au début du conflit, la rébellion se regroupait en deux camps, l'Armée de libération du Soudan (SLA), formation laïque dirigée par Abdelwahid Mohammed Nour, un leader de la populeuse tribu Four, et le Mouvement pour la justice et l'égalité (JEM) de Khalil Ibrahim, un islamiste de la tribu Zaghawa.

Le JEM est aujourd'hui considéré comme le plus actif militairement des mouvements rebelles du Darfour, mais il manque d'appui au sein de la population, à l'opposé du SLÀ d'Abdelwahid Nour.

Le gouvernement soudanais et le JEM ont signé en février à Doha, au Qatar, un «accord de confiance» prévoyant un échange de prisonniers et la tenue éventuelle d'une conférence de paix.

L'envoyé spécial de la Maison-Blanche pour le Soudan, le général Scott Gration, tente actuellement d'associer les autres mouvements rebelles à la démarche de Doha afin d'unifier les griefs de la rébellion pour faciliter d'éventuels pourparlers de paix.

«Amener les mouvements et le gouvernement à s'asseoir ensemble. La difficulté, elle est là, pas ailleurs», dit à l'AFP Rodolphe Adada, chef démissionnaire de la Minuad.

Une poignée de groupes de moyenne importance ont embarqué cette semaine dans le projet de Scott Gration, dont des commandants démissionnaires d'Abdelwahid Mohammed Nour, qui vit en exil à Paris.

«Nous allons continuer nos efforts pour inclure Abdelwahid dans le processus de paix, mais c'est à lui de décider s'il veut faire une différence positive pour le peuple du Darfour ou s'assoeir sur la ligne de touche à Paris», a déclaré M. Gration.

«Je n'irai pas à Doha», a réagi le chef rebelle jeudi soir. «Il faut assurer la sécurité des gens du Darfour avant d'en arriver à quelques pourparlers que ce soit. Gration saute une étape», a dit à l'AFP M. Nour, dont le refus embarrasse nombre de diplomates.