Les violations des droits de l'Homme, «graves et persistantes», se poursuivent au Zimbabwe, quatre mois après la formation d'un gouvernement d'union nationale, a estimé jeudi Amnesty International.

«La situation des droits de l'Homme au Zimbabwe est précaire et les conditions socio-économiques sont très mauvaises pour la grande majorité des Zimbabwéens», a déclaré la secrétaire générale d'Amnesty Irene Khan lors d'une conférence de presse à Harare.«Les violations des droits de l'Homme, graves et persistantes, se poursuivent», a-t-elle ajouté.

«L'introduction de réformes sur la police, l'armée et les forces de sécurité ont échoué, l'impunité se poursuit et il manque un engagement clair de la part de certains membres du gouvernement. Ce sont de réels obstacles qui doivent être réglés par les hauts dirigeants du Zimbabwe», a indiqué Mme Khan.

«Aucune grande enquête ou poursuite judiciaire n'a été réalisée contre les responsables des violences politiques soutenues par l'État ces dernières années. Certains éléments de la Zanu-PF (parti du président Robert Mugabe) voient encore la violence comme un outil légitime pour écraser les opposants», a-t-elle précisé, dénonçant «le climat d'intimidation» qui règne au Zimbabwe.

L'ancien opposant Morgan Tsvangirai et le président Robert Mugabe, au pouvoir depuis 1980, ont formé en février un gouvernement d'union nationale pour sortir le pays de la paralysie politique et reconstruire l'économie en ruine du pays.

Les principaux bailleurs de fonds internationaux ont cependant conditionné la reprise de leur aide à des réformes en profondeur, à la libération des prisonniers politiques et à la fin des violences contre les fermiers blancs.

Selon Mme Khan, «le gouvernement, qui fait beaucoup d'effort pour obtenir des aides financières, doit donner le même degré d'attention pour faire passer des réformes sur les droits de l'Homme».

Au Zimbabwe, plusieurs militants des droits de l'Homme et des partisans du Mouvement pour le changement démocratique (MDC) de M. Tsvanguirai sont poursuivis pour complot contre le chef de l'État et aucune enquête n'a été réalisée sur les violences politiques qui ont suivi les élections générales fin mars 2008.

Plus de 180 personnes sont mortes et 9.000 ont été blessées lors de ces violences, selon un rapport d'Amnesty International présenté en octobre.