Des émissaires de la communauté internationale se sont rendus mardi en Guinée-Bissau pour appeler au respect de «l'ordre constitutionnel» après les assassinats du président Joao Bernardo Vieira et du chef d'état-major Tagmé Na Waié.

Dans le même temps, une réunion extraordinaire du Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine (UA) s'est ouverte à Addis Abeba sur la situation dans ce pays pauvre d'Afrique de l'Ouest, déjà déstabilisé par le trafic de cocaïne sud-américaine à destination de l'Europe.

Mardi matin, le dispositif militaire a été allégé dans la capitale dont les habitants recommençaient à vaquer à leurs occupations et où les enfants ont repris le chemin de l'école.

Les soldats n'étaient plus visibles qu'autour de points stratégiques, notamment les casernes.

Le président Vieira, démocratiquement élu en 2005 après avoir dirigé le pays d'une main de fer de 1980 à 1999, a été tué par balles par des militaires lundi au petit matin, quelques heures après un attentat à la bombe qui avait coûté la vie au chef d'état-major des armées.

Un médecin légiste qui a participé à l'autopsie du corps du président a affirmé, sous couvert de l'anonymat, qu'il avait été «sauvagement battu avant d'être achevé par plusieurs balles».

Une délégation ministérielle de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) est arrivée mardi en fin de matinée à Bissau.

«Nous sommes venus nous enquérir de la situation dans ce pays membre de notre communauté. A ce titre, la Cédéao est préoccupée par ce qui vient de se passer», a déclaré le ministre sénégalais des Affaires étrangères, Cheikh Tidiane Gadio, à la tête de cette délégation.

Des émissaires de la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP) étaient également attendus dans la journée, conduits par le secrétaire d'Etat portugais Joao Gomes Cravinho, dont le pays préside l'organisation de la Lusophonie.

Selon lui, cette délégation devait être reçue dès mardi par le président de l'Assemblée nationale Raimundo Pereira, qui assure l'intérim, par le Premier ministre Carlos Gomes Junior, ainsi que par des «représentants des forces armées».

Selon la Constitution du pays, colonie portugaise jusqu'en 1974, le président de l'Assemblée doit organiser une élection présidentielle dans les 60 jours.

Des officiers de l'état-major avaient assuré lundi que l'armée «respecterait l'ordre constitutionnel et la démocratie», sans toutefois apaiser les inquiétudes de la communauté internationale.

Un soldat disant avoir participé à l'assassinat du chef de l'Etat a affirmé pour sa part qu'un commando de militaires l'avait «liquidé» pour «venger» la mort de leur chef tué la veille.

Les députés devaient se réunir mardi pour évaluer la situation et prendre des décisions concernant les obsèques des deux hommes, dont les corps reposent à la morgue de l'hôpital central de Bissau.

La frontière entre le Sénégal (sa région sud, la Casamance) et la Guinée-Bissau était ouverte mardi matin. Mais un vol d'Air Sénégal International, devant relier dans l'après-midi Dakar à Bissau, a été annulé.

A Addis Abeba, les ambassadeurs des pays membres de l'UA se sont réunis à huis clos pour discuter d'une éventuelle suspension de la Guinée-Bissau des instances de l'organisation continentale.

Le président de la Commission de l'UA, Jean Ping, avait «condamné fermement» lundi l'assassinat du président Vieira qu'il avait qualifié de «coup d'Etat».