Le chef de la junte au pouvoir en Guinée depuis le coup d'Etat du 23 décembre a admis des divisions au sein de l'armée et demandé à la «vieille génération» de militaires de «rester tranquille», précisant que ceux qui seraient pris «en train de comploter seront châtiés».

Lors d'un rassemblement de plusieurs milliers de militaires, au camp Alpha Yaya Diallo de Conakry, le capitaine Moussa Dadis Camara a lancé une mise en garde à la «vieille génération de soldats de l'armée guinéenne», a constaté un correspondant de l'AFP. «Je demande aux enfants des généraux, à leur famille de leur donner des conseils afin qu'ils (les généraux) restent tranquille chez eux car ils ne peuvent pas faire leur temps et faire le temps des autres», a-t-il ajouté.

«Des généraux qui m'ont mis à l'école sont contre moi aujourd'hui parce que j'ai le pouvoir suprême. Ils sont contre moi, mais c'est Dieu qui va les punir», a-t-il lancé, admettant ainsi des divisions au sein de l'armée, notamment dans la haute hiérarchie.

«Je demande à nos aînés de se tenir tranquille, de ne pas tenter quoi que ce soit contre nous, car s'ils restent tranquille, ils auront tous les honneurs». Mais celui qui «sera pris en train de comploter contre l'Etat sera châtié», a-t-il averti.

La junte a arrêté ces derniers jours 16 militaires, dont plusieurs proches du défunt président Lansana Conté (1984-2008), et trois civils.

Parmi les personnes arrêtées figurent trois généraux mis à la retraite par la junte: l'ancien chef d'état-major de l'armée, le général de division Diarra Camara, l'ex-chef d'état-major de la marine, le vice-amiral N'fali Daffé, ainsi que son adjoint, le contre-amiral Fassiriman Traoré.

L'armée guinéenne constituait le pilier des régimes de Ahmed Sékou Touré (1958-84) et Lansana Conté (1984-2008) mais le putsch du 23 décembre avait révélé au grand jour des divisions entre les généraux et la troupe.

Deux colonels dont Vivas Sylla, un des proches du «général-président» Lansana Conté, trois commandants dont Siaka Camara, neveu du défunt président et un des membres de sa garde présidentielle, chargée de sa sécurité personnelle, sont également détenus.

Aucune explication officielle n'a été donnée sur cette vague d'arrestations.

Dans son discours de vendredi, le capitaine Camara a rassuré la troupe: «je vais améliorer vos conditions de vie, je vais m'occuper de vous, restez soudés derrière le ministre de la Défense».

Concernant son avenir personnel, il a précisé: «nous sommes là pour un temps, nous passerons le flambeau et la Guinée va continuer sa course en avant».

«Après mon mandat, je ne resterai pas ici en Guinée, je serai dans les institutions et organisations internationales: ONU, UA etc...», a-t-il conclu, sans plus de précision.

La Guinée était par ailleurs au centre d'une réunion de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) vendredi à Abuja, à la veille d'un sommet des chefs d'Etat de l'organisation qui devait se prononcer sur une éventuelle suspension du régime de Conakry.