Le chef de l'opposition zimbabwéenne Morgan Tsvangirai a dénoncé jeudi un «blocage» des discussions sur la composition du futur gouvernement d'union, tout en assurant rester confiant sur la possibilité de parvenir à un accord.

«Il y a un blocage», a lancé le chef du Mouvement pour le changement démocratique (MDC) plus de trois semaines après avoir signé un accord historique de partage du pouvoir avec le président Robert Mugabe.

«Nous gardons confiance dans le potentiel de l'accord» du 15 septembre, a toutefois ajouté M. Tsvangirai au cours d'une conférence de presse à Harare. «Il n'y a pas de problème avec cet accord. Pour sa mise en place, nous sommes dans une impasse, mais pas sur le fond.»

Mais, selon lui, «le processus ne pourra pas avancer sans la présence du médiateur». «Nous lui avons demandé de venir et il a dit qu'il le ferait», a ajouté M. Tsvangirai, sans le nommer explicitement.

L'ex-chef d'Etat sud-africain Thabo Mbeki avait été chargé par ses pairs d'Afrique australe de servir de médiateur dans le crise zimbabwéenne. Malgré sa démission fin septembre, toutes les parties ont souhaité qu'ils continuent sa mission zimbabwéenne.

Le porte-parole de M. Mbeki ne pouvait être joint jeudi à la mi-journée pour commenter les propos de Morgan Tsvangirai. La semaine dernière, la présidence sud-africaine avait indiqué que l'ancien chef de l'Etat était d'accord pour poursuivre ses efforts au Zimbabwe.

Le président Mugabe, 84 ans et au pouvoir depuis 1980, et M. Tsvangirai ont signé le 15 septembre, sous l'égide de M. Mbeki, un accord visant à sortir le pays de la crise politique née de la défaite du régime aux élections générales du 29 mars.

Cet accord prévoit la formation d'un gouvernement d'union avec Robert Mugabe comme président et Morgan Tsvangirai comme Premier ministre. Mais il n'existe toujours que sur le papier, les deux parties n'arrivant pas à se mettre d'accord sur l'attribution des principaux portefeuilles dans le futur gouvernement.

«Dans l'euphorie d'avoir réussi à nous mettre d'accord, nous pensions qu'il serait facile d'allouer les postes gouvernementaux», a commenté M. Tsvangirai en accusant le parti au pouvoir de «ne pas être raisonnable» et de ne «pas être sensible aux souffrances des Zimbabwéens».

«Le jour de la signature de l'accord, les Zimbabwéens ont poussé un soupir de soulagement alors qu'augmentaient leurs espoirs de voir une solution finale à la crise politique», a-t-il rappelé. «Malheureusement aucun progrès n'a eu lieu depuis.»

«Au contraire, la crise économique a empiré et les gens passent des journées entières dans des files d'attente», a-t-il relevé. «Nous vivons aujourd'hui dans un environnement caractérisé par la famine et nous ne sommes qu'à quelques jours de voir des gens mourir dans les rues», a-t-il asséné.

L'hyperinflation a battu un nouveau record mondial, avec un taux annuel de 231 millions % en juillet, selon des statistiques rendues publiques jeudi.

Dans ce contexte, M. Tsvangirai a une nouvelle fois jeudi fait appel à la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) et à l'Union africaine (UA).

«Nous avons communiqué notre position à la SADC et à l'UA, ainsi qu'au médiateur. Nous avons confiance en nos frères africains pour faire tout ce qui est en leur pouvoir pour résoudre rapidement cette question», a poursuivi le leader du MDC.

Ces deux organismes avaient suivi de près les négociations entamées en juillet après la réélection controversée du président Mugabe lors d'un scrutin boycotté par l'opposition sur fond de violences.