La Finlande et la Suède pourraient bientôt se joindre à l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), une éventualité qui provoque la colère de la Russie. Si cela se concrétise, Moscou se dit prêt à sortir les armes nucléaires pour protéger ses frontières. Survol de la situation en cinq questions.

Pourquoi la Finlande et la Suède veulent-elles se joindre à l’OTAN ?

« L’intérêt est de bénéficier d’une garantie de sécurité de l’OTAN. En ce moment, elles sont complètement démunies en cas d’attaque par un autre pays », affirme d’emblée Luca Sollai, spécialiste de l’OTAN et chargé de cours au département d’histoire de l’Université de Montréal.

L’OTAN est une organisation regroupant 30 pays occidentaux qui assurent une assistance mutuelle en cas d’agression. Depuis sa création en 1949, la Finlande et la Suède sont demeurées neutres, mais la situation pourrait être appelée à changer.

PHOTO PAUL WENNERHOLM, FOURNIE PAR REUTERS

Magdalena Andersson, première ministre de Suède, et Sanna Marin, première ministre de Finlande, lors d’une rencontre à Stockholm le 13 avril dernier

La Finlande décidera « d’ici quelques semaines » si elle pose sa candidature pour adhérer à l’OTAN. « Je pense que ça interviendra assez vite. D’ici quelques semaines, pas quelques mois », a déclaré mercredi la première ministre du pays, Sanna Marin.

La Suède, qui n’exclut pas non plus de se joindre à l’alliance face à la menace russe, se fait plus discrète. Adhérer ou non, « rien n’est sans risque », a souligné mercredi la première ministre du pays, Magdalena Andersson.

Pourquoi les deux pays nordiques envisagent-ils seulement maintenant de se joindre à l’organisation ?

« En grande partie, c’est parce qu’ils considèrent que la Russie représente une menace plus grande que pendant la guerre froide, ce qui en dit long sur la situation actuelle », indique Frédéric Mérand, spécialiste de la politique européenne et directeur scientifique du Centre d’études et de recherches internationales de l’Université de Montréal. L’opinion populaire a également évolué au cours des dernières semaines.

INFOGRAPHIE LA PRESSE

Pays membres de l’OTAN en Europe

Depuis le début du conflit en Ukraine, la proportion de la population finlandaise favorable à une adhésion à l’OTAN est passée de 20-25 % à 60-70 %, a déclaré la première ministre.

Pourquoi cette décision provoque-t-elle la colère de la Russie ?

« Si les deux pays se joignent à l’OTAN, Vladimir Poutine se sera tiré dans le pied », dit M. Mérand. Moscou a déclenché une guerre contre l’Ukraine en partie en invoquant la menace de l’élargissement de l’OTAN. Si la Finlande et la Suède décident de se joindre à l’organisation, « ce serait un terrible aveu d’échec », dit-il. La Russie se retrouverait également isolée et encerclée par des pays de l’OTAN en mer Baltique, ajoute M. Sollai.

Qu’est-ce que la Russie menace de faire en cas d’élargissement de l’OTAN ?

L’ex-président russe Dmitri Medvedev a affirmé jeudi que si la Finlande ou la Suède se joignaient à l’OTAN, la Russie renforcerait ses moyens militaires, notamment nucléaires, en mer Baltique et près de la Scandinavie. En cas d’adhésion, « les frontières de l’Alliance avec la Russie feraient plus que doubler. Et ces frontières, il faudra les défendre », a-t-il déclaré, évoquant aussi des déploiements d’infanteries et de systèmes antiaériens dans le nord-ouest de la Russie, ainsi que des forces navales dans le golfe de Finlande.

Évoquant les populations de Finlande et de Suède, il a estimé que « personne de sain d’esprit […] ne peut souhaiter une hausse des tensions à sa frontière et avoir à côté de chez soi des [missiles] Iskander, [des missiles] hypersoniques et des navires avec des armes nucléaires ».

Est-ce que la Finlande et la Suède ont de bonnes chances d’être acceptées au sein de l’OTAN si elles posent leur candidature ?

« D’excellentes chances. Près de 100 % », dit sans hésiter M. Mérand. « Ce sont des pays qui correspondent bien aux attentes et l’OTAN leur a toujours laissé la porte ouverte », ajoute-t-il. La situation est bien différente dans d’autres pays, tels que la Bosnie-Herzégovine et la Géorgie, qui ont déjà posé leur candidature, mais qui sont toujours en attente d’une réponse. « Un pays qui est dans un conflit ou qui a des forces armées qui ne sont pas prêtes ne sera probablement pas accepté », conclut-il.

Avec l’Agence France-Presse