(Ottawa) Les gouvernements ne doivent pas oublier les autres crises ailleurs dans le monde outre la guerre en Ukraine. C’est le message livré par le haut commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, au premier ministre Justin Trudeau lors d’une rencontre mercredi après-midi.

Le nombre de réfugiés qui ont fui l’Ukraine s’élève désormais à 4,3 millions de personnes, ce qui porterait le nombre total de réfugiés dans le monde à environ 95 millions, a estimé le Haut commissaire.

« Nous faisons face à de grands défis, a-t-il constaté en conférence de presse. Nous approchons peut-être des 100 millions des personnes déracinées dans le monde et nous pensions que ça allait prendre des années avant d’atteindre ce nombre ou peut-être même que nous ne l’atteindrions jamais. »

PHOTO ADRIAN WYLD, LA PRESSE CANADIENNE

Le haut-commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi aux côtés du ministre canadien de l’Immigration, Sean Fraser

Il a fait valoir qu’il est de plus en plus difficile de mobiliser des ressources, que certaines crises pourraient être négligées voire oubliées. Au-delà de l’Ukraine et de l’Afghanistan, il y a d’autres crises humanitaires sur le continent africain. Il faudra également s’attarder aux « effets dévastateurs des changements climatiques ».

« Le climat devient une cause de conflit », a-t-il expliqué. Il a donné pour exemple des communautés au Cameroun qui s’affrontent pour obtenir de rares ressources créant ainsi de nouveaux réfugiés.

Le ministre de l’Immigration, Sean Fraser, prenait également part à la rencontre où il a été question de la situation en Afghanistan et de la guerre en Ukraine. « Le Canada est profondément engagé à accueillir des gens du monde entier non seulement pour les aider, mais pour faire grandir le Canada et enrichir notre pays d’innombrables façons », a déclaré le premier ministre Trudeau.

Le Canada a reçu plus de 112 000 applications pour l’Autorisation de voyage d’urgence Canada-Ukraine. Quelque 26 500 demandes, soit moins de 25 %, ont été approuvées. Le Bloc québécois avait dénoncé la semaine dernière la bureaucratie à laquelle se butent les Ukrainiens qui veulent se prévaloir du programme.

« Il n’y a jamais eu autant de demandes sur notre système d’immigration au Canada, mais je ne crois pas que nous pouvons nous permettre de ne pas y répondre », a affirmé le ministre Fraser. Il a donné en exemple l’engagement du Canada envers les Afghans qui ont contribué à la mission canadienne dans leur pays.

Le haut-commissaire a plutôt salué l’approche flexible du Canada qui permet aux Ukrainiens d’aller s’installer là où ils ont déjà de la famille et ainsi d’aider les pays voisins aux prises avec des millions de réfugiés. Il a également noté la solidarité dont les pays ont fait preuve pour réagir à la crise.

« Prenez l’Europe qui a toujours résisté un petit peu à l’accueil des réfugiés […], a-t-il fait remarquer. L’Europe, en un mois, a accueilli quatre millions de personnes et a établi des mesures qui ont permis à ces personnes de s’éparpiller dans le continent, alors c’est possible de le faire quand les États travaillent ensemble et développent des mesures qui permettent à ces mouvements de se passer dans la légalité, dans l’ordre et d’une manière plus contrôlée. »

« Donc, je pense que nous tirons des leçons très importantes que, j’espère, vont être appliquées à d’autres situations également », a-t-il ajouté.

Le Canada a annoncé mercredi qu’il serait le premier président de l’Alliance mondiale pour la mobilité des travailleurs réfugiés, qui vise à rendre les programmes d’immigration pour la main-d’œuvre accessibles aux réfugiés.