(Paris) L’Algérien Saber Lahmar, détenu huit ans à Guantanamo avant d’être innocenté puis accueilli en France en 2009, sera jugé mi-mai à Paris pour avoir incité et préparé le départ d’aspirants au djihad en Irak ou en Syrie.

Deux juges antiterroristes l’ont renvoyé le 17 février pour « association de malfaiteurs terroriste » délictuelle, selon une ordonnance consultée par l’AFP.

Le procès se tiendra du 10 au 13 mai à Paris, selon une source judiciaire.

Cet homme de 53 ans, né en Algérie, est présenté par la justice comme un ancien du Groupe islamique armé (GIA) algérien passé ensuite par l’Arabie saoudite et la Bosnie.

Soupçonné d’avoir fomenté un attentat contre l’ambassade américaine à Sarajevo, il a été incarcéré début 2002 dans le camp américain de Guantanamo, sur l’île de Cuba.

Blanchi de tout soupçon en 2008 par un juge fédéral américain, il a été relâché fin 2009 par les États-Unis puis transféré en France où il s’était installé près de Bordeaux, officiant comme imam dans une mosquée et une salle de prière clandestine.

Saber Lahmar se voit reprocher son « ancrage dans l’islam radical », qu’il conteste, avec des « propos très violents » lors de prêches « s’en prenant aux juifs, appelant à tuer les apostats et au martyre ».

Il est soupçonné d’avoir entretenu des liens avec plusieurs figures du djihadisme en France.

Saber Lahmar est aussi mis en cause pour avoir « directement encouragé et préparé les départs » à l’été 2015 « vers la zone irako-syrienne » d’un homme, Othman Yekhlef, considéré comme « mort sur zone » depuis fin 2015, ainsi que d’un couple et de ses quatre enfants.

Le père, Salim Machou, fait partie des sept Français condamnés à mort en 2019 par la justice irakienne pour leur appartenance au groupe État islamique (EI).

La justice se demande en outre si,  pour avoir œuvré à ces départs, M. Lahmar n’a pas été « rémunéré » 35 000 euros par l’association Sanabil, dissoute fin 2016 par les autorités françaises qui la rangeait dans la nébuleuse djihadiste.

Les avocats de Saber Lahmar, mis en examen et incarcéré en juin 2017,  n’ont pas répondu à l’AFP.

Un procès est également ordonné pour celui que la justice considère comme son « second », Mohamed H., né au Maroc en 1977.  Celui-ci « conteste fermement les accusations portées contre lui », selon son avocate, Me Noémie Saidi-Cottier.