(Ottawa) Le premier ministre Justin Trudeau s’est dit ouvert mercredi à offrir des indemnisations financières pour les entreprises canadiennes qui seraient touchées par une nouvelle salve de sanctions contre la Russie. Les échanges commerciaux entre ce pays et le Canada sont toutefois limités.

« Je pense que l’on comprend que c’est une situation où, si on crée des sanctions sur d’autres pays, ça aura évidemment un coût chez nous, a-t-il affirmé. C’est comme ça que le commerce international fonctionne. »

Les pays du G7 s’apprêtent à imposer de nouvelles sanctions à la Russie. Celles déjà imposées depuis le début de l’invasion en Ukraine le 24 février n’ont pas permis de l’arrêter. Une nouvelle salve de sanctions viserait à convaincre le président Vladimir Poutine de faire marche arrière.

La conférence de presse de la vice-première ministre Chrystia Freeland et de ses collègues à la Défense nationale et à l’Immigration Anita Anand et Sean Fraser, qui devait avoir lieu mercredi après-midi, a été reportée à ce jeudi. On s’attendait à ce qu’il y soit question de ces nouvelles sanctions, d’une nouvelle aide létale à l’Ukraine et de la levée du visa requis pour les Ukrainiens qui veulent venir se réfugier au Canada.

Oui, il va y avoir des industries et des gens qui vont être affectés. On va voir ce qu’on peut faire pour compenser, mais on sait aussi qu’on a des amis, des partenaires, des alliés en Europe qui, eux, vont en souffrir encore plus, et notre préoccupation, c’est d’être là les uns pour les autres.

Justin Trudeau, premier ministre du Canada

« Les échanges commerciaux qui existent entre le Canada et la Russie sont minimes, moins de 1 % pour les importations et les exportations », a indiqué le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne, avant la réunion du caucus libéral, mercredi.

Il s’attend à ce que de nouvelles sanctions aient un impact sur le prix de l’essence, du gaz naturel et du blé.

Selon le rapport annuel sur le commerce d’Affaires mondiales, les exportations du Canada en Russie se chiffraient à 617 millions de dollars en 2020. Elles avaient diminué de 7,4 % lors de cette première année de pandémie et étaient comparables aux exportations canadiennes en Algérie. Les importations de marchandises russes atteignaient près de 1,2 milliard de dollars, une diminution de près de 36 % par rapport à l’année précédente, non pandémique.

L’impact sur l’économie canadienne devrait donc être modéré, selon M. Champagne, qui tente de mobiliser l’industrie canadienne pour voir comment elle peut aider les Ukrainiens et les Européens aux prises avec les contrecoups de leurs propres sanctions.

Expulsion de l’ambassadeur ?

Les conservateurs exigent une réponse plus musclée de la part du Canada avec l’expulsion de l’ambassadeur de Russie, Oleg Stepanov. « Il n’y a aucune raison pour que le porte-parole du régime de Poutine reste au Canada pour répandre de la désinformation », a lancé le chef adjoint de l’opposition officielle, Luc Berthold, lors de la période des questions.

PHOTO ÉTIENNE RANGER, ARCHIVES LE DROIT

Oleg Stepanov, ambassadeur de Russie à Ottawa, à la fin du mois de janvier dernier

L’ambassade de Russie a publié un communiqué de presse sur son compte Twitter mardi soir affirmant que le pays continuait de « démilitariser » et de « dénazifier » l’Ukraine, que l’armée russe n’occupait pas de territoire ukrainien et qu’elle prenait toutes les mesures pour préserver la vie des civils en menant des frappes ciblées.

Elle a comparé les nouvelles en provenance de l’Ukraine diffusées par tous les grands médias canadiens et internationaux à « de la propagande digne de Goebbels », en référence à Joseph Goebbels, l’un des ministres d’Adolf Hitler durant le Troisième Reich, qui était chargé de préserver l’image du régime nazi auprès de la population allemande.

« Nous sommes là pour travailler avec la communauté internationale et nous sommes ouverts à tout autre suggestion afin d’être là et de faire les bonnes affaires pour aider les Ukrainiens », a répondu le premier ministre Trudeau.

La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, avait déjà indiqué que le Canada ne voulait pas expulser l’ambassadeur de Russie afin de pouvoir conserver son propre personnel diplomatique en Russie. « C’est très, très important qu’on soit en mesure de contrer la machine de propagande qui fonctionne et qui est très bien huilée en Russie, et c’est pourquoi c’est important aussi qu’on ait une présence à notre ambassade et que les autres pays du G7 aient une présence au sein de leurs propres ambassades pour être en mesure de pousser ces messages-là et de pouvoir comprendre ce qui se passe sur le terrain », avait-elle expliqué lundi en marge de la 49session régulière du Conseil des droits de l’homme des Nations unies.

Ce même jour, les États-Unis avaient expulsé 12 membres de la mission diplomatique russe auprès de l’ONU pour « espionnage », ce qui avait été considéré comme une « démarche hostile » par Moscou. La mission russe à l’ONU compte une centaine de personnes, selon les propos d’une source diplomatique russe rapportés par l’Agence France-Presse.

Avec l’Agence France-Presse