Alors que le coronavirus — ou COVID-19 selon le nouveau nom qu’il vient de recevoir mardi — continue de faire des victimes en Chine et pousse la Thaïlande à refuser qu’un navire de plus de 2250 personnes sans symptômes puisse accoster, les experts de l’OMS croient disposer d’une « chance réaliste » d’enrayer sa propagation.
« Si nous investissons maintenant […], nous avons une chance réaliste de stopper cette épidémie », a déclaré le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, au cours d’une conférence de presse à Genève, où près de 400 scientifiques sont réunis pour établir un plan visant à combattre la propagation du virus.
Parallèlement, des voix s’élèvent afin de dénoncer la « paranoïa » de divers pays ayant recours à des quarantaines potentiellement mal exécutées comme mesure visant à stopper l’épidémie.
« Des images provenant de Chine montrent des gens confinés dans de grandes salles, comme des gymnases, et c’est très inquiétant, explique en entrevue Wendy Parmet, professeure de politique du droit de la santé à l’Université Northeastern, à Boston. C’est une recette pour une infection désastreuse. »
L’histoire nous enseigne que les quarantaines ne sont pas toujours efficaces, dit-elle. « Quand vous confinez des personnes qui ont le virus avec d’autres gens qui ne l’ont pas, vous sacrifiez ces gens, et vous créez des points chauds pour la propagation. »
Mme Parmet prend pour exemple les quarantaines annoncées sur des navires de croisière comportant des milliers de passagers. « C’est tellement draconien que vous découragez les autres passagers d’autres navires de rapporter les cas potentiels. »
Si le prix à payer est de rester prisonnier d’un navire pendant des semaines, vous allez y penser à deux fois avant de dire que quelqu’un à bord a des symptômes.
Wendy Parmet, professeure de politique du droit de la santé à l’Université Northeastern, à Boston
Mardi, un deuxième avion canadien ayant décollé de Wuhan, en Chine, avec 185 passagers à bord, s’est posé à la base des Forces armées canadiennes de Trenton, en Ontario. La semaine dernière, le Canada avait rapatrié 213 personnes qui souhaitaient quitter Wuhan, l’épicentre du nouveau virus.
La Thaïlande refuse un navire de croisière
La question des navires de croisière a continué à faire la manchette. Mardi, la Thaïlande a refusé aux passagers du navire MS Westerdam la permission de débarquer à Bangkok — même si aucun cas d’infection au COVID-19 n’a été recensé à bord.
« J’ai donné des ordres. L’autorisation d’amarrer a été refusée », a déclaré le ministre thaïlandais de la Santé publique Anutin Charnvirakul dans un message sur Facebook.
Le vice-ministre thaïlandais des Transports, Atirat Ratanasate, a quant à lui déclaré que même si le navire n’était pas autorisé à accoster, la Thaïlande « se fera un plaisir de [lui] fournir du carburant, des médicaments et de la nourriture ».
D’une durée de 14 jours, cette croisière a quitté Hong Kong le 1er février. Un total de 2257 personnes sont à bord, soit 1455 passagers et 802 membres de l’équipage.
Le MS Westerdam a déjà reçu l’interdiction d’amarrer au Japon, à Taiwan, aux Philippines et sur le territoire américain de Guam, suscitant des frustrations et des sentiments d’impuissance chez les passagers bloqués.
Dans le port de Yokohama, au Japon, le navire Diamond Princess, qui transporte 3700 personnes, est en quarantaine : les passagers sont confinés à leur chambre, tandis que l’équipage — dont 10 employés infectés par le COVID-19 — dort dans des dortoirs.
Trente-neuf nouveaux cas de contamination par le COVID-19 ont été détectés à bord du navire, a annoncé mercredi (heure locale) le ministre japonais de la Santé, ce qui porte le total des cas à 174.
Sur Twitter, le Dr Michael Mina, épidémiologiste à l’Université Harvard, a critiqué la gestion des autorités japonaises.
« La décision de garder les passagers et l’équipage sur le navire n’est plus éthique et est totalement inappropriée, a-t-il écrit. Dix membres d’équipage sont infectés et l’équipage ne peut pas s’auto-mettre en quarantaine, car ils logent ensemble. De toute évidence, le virus s’est transmis entre eux, ce qui fait courir à tous des risques inacceptables. »
Mercredi, 44 653 cas du COVID-19 avaient été rapportés en Chine, alors que le virus avait fait 1113 morts jusqu’ici. Ailleurs dans le monde, on rapporte plus de 470 cas dans une trentaine de pays et territoires.
— Avec la collaboration de l’Agence France-Presse
Nouveau nom : le COVID-19
Le coronavirus a obtenu mardi un nouveau nom officiel : le COVID-19. La nouvelle dénomination a été choisie par l’OMS de manière à être « facile à prononcer ». « CO » signifie corona, « VI » virus et « D » a été choisi pour « disease » (maladie en anglais). Le chiffre 19 indique l’année de son apparition, soit 2019.
— Agence France-Presse
Hong Kong
— D’après l’Agence France-Presse