«Catastrophe» et «débâcle» : voilà deux mots que Michael Ignatieff utilise pour qualifier la guerre en Irak, dont il a été l'un des plus éloquents avocats, ayant considéré qu'il s'agissait de l'unique voie vers la libération du peuple irakien. Aujourd'hui, l'ancien professeur de Harvard devenu politicien à Ottawa signe cet article dans le magazine du New York Times, où il admet s'être royalement trompé sur les conséquences de l'invasion américaine.

Le texte d'Ignatieff, qui se veut une réflexion sur le jugement politique, contient le passage suivant : «La leçon que je retiens pour l'avenir est d'être moins influencé par les gens que j'admire - les exilés irakiens, par exemple - et moins entraîné par mes émotions. Je suis allé dans le nord de l'Irak en 1992. J'ai vu ce que Saddam Hussein avait fait aux Kurdes. Dès lors, j'ai cru qu'il devait partir... J'ai laissé mes émotions me transporter au-delà des question difficiles : les Kurdes, les sunnites et les chiites peuvent-ils maintenir par la paix ce que Saddam Hussein a maintenu par la terreur?»

S'il est dur envers lui-même, Ignatieff l'est bien davantage à l'égard de George W. Bush, dont il critique «l'entêtement brutal». «Le bon jugement en politique repose sur la capacité de s'auto-critiquer, écrit-il. Ce n'est pas seulement que le président ne s'est pas soucié de comprendre l'Irak. Il ne s'est également pas soucié de se comprendre lui-même.»

P.S. : Voici ce qu'écrivait Ignatieff dans le même magazine en septembre 2003.

(Photo AP)