La guerre en Afghanistan est devenue une «absurdité sans objet». C'est du moins la conclusion à laquelle le chroniqueur et blogueur Joe Klein est arrivée après un séjour dans la province de Helmand, où sont déployés des soldats britanniques, canadiens et danois. Je cite trois passages d'un article que signe Klein dans le nouveau numéro de l'hebdomadaire Time :

La guerre en Afghanistan - la guerre que le président élu Barack Obama a promis de gagner - est devenue une absurdité sans objet. Elle a commencé avec une cible bien identifiée. L'Afghanistan était l'endroit où Oussama ben Laden et Al-Qaeda vivaient, ayant reçu l'hospitalité du gouvernement extrémiste des Talibans. Mais l'ennemi s'est échappé au Pakistan, et l'Afghanistan a été, au cours des sept dernières années, une guerre d'usure contre une guérilla regroupant des forces disparates que nous continuons d'appeler les «Talibans». Ces bandes bigarrées sont financées par les profits de l'opium et dirigées par des extrémistes religieux et des seigneurs de la drogue, dont plusieurs ont trouvé refuge au Pakistan. (...)

Les troupes britanniques de Helmand combattent les mains attachées derrière le dos. Elles ne peuvent pas s'attaquer aux dirigeants des Talibans, qui agissent impunément dans la ville pakistanaise de Quetta, de l'autre côté de la frontière. Elles ne peuvent pas non s'attaquer au trafic de la drogue qui finance l'insurrection, une des raisons étant qu'une partie des profits de ce commerce est versée aux amis, aux responsables et peut-être aux familles du gouvernement affreusement corrompu du président afghan Hamid Karzai. (...)

«Vous devez comprendre, a déclaré un commandant britannique. Le combat n'a pas vraiment à voir avec la religion mais tout à voir avec l'argent.»

Les États-Unis, avec la bénédiction de Barack Obama et de son secrétaire à la Défense, Robert Gates, ont l'intention d'envoyer ce printemps des troupes supplémentaires dans les provinces de Helmand et de Kandahar. S'il faut se fier à Klein, il s'agit d'une erreur stratégique. Selon Klein, le pays qui menace le plus la sécurité des Américains n'est pas l'Afghanistan mais le Pakistan.

(Photo AFP)