Le New York Times revient aujourd'hui à la une sur la fameuse interview de l'ex-agent de la CIA John Kiriakou diffusée en décembre 2007 sur la chaîne ABC. Kiriakou avait admis que ses collègues avaient eu recours à la simulation de noyade pour faire parler Abou Zoubaydah, le premier membre d'Al-Qaeda capturé par les Américains après les attentats du 11 septembre 2001. Il avait cependant précisé que la séance de torture n'avait duré que «30, 35 secondes», après lesquelles Zoubaydah avait commencé à déballer son sac.

L'interview de Kiriakou, comme le rappelle le Times, avait eu un impact important sur le débat autour de la simulation de noyade, laissant croire que la CIA n'avait pas fait un usage excessif de cette forme de torture qui avait donné des résultats quasiment instantanés. Or ses agents, comme l'ont révélé les notes confidentielles du ministère de la Justice, ont eu recours à la simulation de torture à 83 reprises contre Zoubaydah et à 183 reprises contre Khalid Sheik Mohamed.

Kiriakou se défend aujourd'hui d'avoir menti en disant qu'il n'avait pas été mis au courant des 82 autres séances de simulation de noyade auxquelles Zoubaydah a été soumis. De son côté, la CIA maintient que son ex-agent avait accordé l'entrevue à ABC News sans sa permission. Quant à Brian Ross, le journaliste d'ABC qui avait interviewé Kiriakou, il a remporté un prestigieux prix de journalisme en 2008 pour ses reportages sur les méthodes d'interrogatoire de la CIA. C'est ce qu'on pourrait appeler le tour du chapeau de la désinformation.