Oh. My. God. Telle est la réaction stupéfaite de l'économiste Paul Krugman après avoir lu ce compte rendu d'une entrevue accordée hier par Barack Obama à Bloomberg BusinessWeek. Le président a affirmé ne pas en vouloir aux PDG de Goldman Sachs et JP Morgan Chase, qui viennent respectivement de toucher des primes de 17 et 9 millions de dollars (en titres) pour l'année 2009. Je cite une de ses déclaration :

«Je connais ces deux gars. Ce sont des hommes d'affaires très doués. Comme la plupart des Américains, je n'en veux pas aux gens pour leur réussite ou leur richesse. Cela fait partie du système libéral.»

Tout en reconnaissant que 17 millions de dollars représentent une «somme extraordinaire», le président a ajouté cette perle :

«Certains joueurs de baseball qui sont mieux payés ne parviennent pas à la Série mondiale, et cela me choque aussi.»

Il  va sans dire que la comparaison ne tient pas la route. Comme le souligne Krugman dans son billet, l'irresponsabilité des joueurs de baseball n'a pas failli causer l'écroulement de l'économie mondiale. Et les déclarations indulgentes d'Obama tranchent avec ce qu'il disait récemment au sujet de ces «banquiers gras de Wall Street» qui profitent d'un système leur permettant de toucher des bonus «obscènes» alors qu'ils doivent la survie de leurs entreprises au contribuable.

En accordant cette entrevue à Bloomberg Business Week, Barack Obama voulait, semble-t-il, démontrer qu'il n'est pas «anti-business». Depuis la publication de l'entrevue, la Maison-Blanche tente d'en limiter les retombées négatives, comme on peut le lire ici.