Accueillant pour la première fois un président à son émission satirique, l'animateur du Daily Show Jon Stewart s'est fait le porte-parole d'une gauche déçue hier, soulignant à plusieurs reprises l'écart entre les promesses de Barack Obama en tant que candidat et ses réalisations en tant que chef de la Maison-Blanche.

Estimant que le candidat avait fait montre d'audace lors de sa campagne présidentielle, Stewart a qualifié de «timides» les avancées législatives du président, faisant notamment référence à sa réforme du système de santé. Stewart a été sérieux pendant la plus grande partie de son entrevue de 22 minutes avec Obama, et celui-ci ne l'a vraiment pas trouvé drôle sur la question de la santé. Je cite un extrait de sa réponse à ce sujet :

«Jon, j'aime votre émission mais voilà quelque chose avec laquelle je suis en profond désaccord avec vous... Cette idée que la réforme de la santé était timide - vous avez 30 millions de personnes qui ont une couverture médicale grâce à ça... On l'oublie parce que l'on a tendance à penser que l'on n'a pas eu 100% de ce que l'on voulait, mais seulement 90%, et on se focalise sur les 10% que l'on n'a pas eus.»

Stewart a également reproché à Obama d'avoir inclus dans son administration des vétérans de Washington, dont le conseiller économique Larry Summers, après avoir promis le changement. La réponse d'Obama :

«Summers a été partie prenante de la gestion de la crise économique. Si l'on m'avait dit il y a deux ans que nous serions capable de stabiliser le système, les marchés, l'économie et qu'à la fin, ça coûterait moins d'1% du PIB, je vous aurais dit 'on prend'... En toute justice, Larry Summers a fait un sacré boulot.»

Cette dernière phrase (Larry Summers has done a heckuva job a rappelé à Stewart celle que George W. Bush avait lancée à Michael Brown, responsable des secours à la Nouvelle-Orléans après le passage de l'Ouragan Katrina. «Vous ne voulez pas vraiment utiliser cette phrase», a dit l'animateur en utilisant le mot dude pour s'adresser au président des États-Unis.

Les répliques d'Obama ont été accueillies avec enthousiasme par les spectateurs du théâtre de Washington où Stewart s'est installé pour la semaine. Reste à voir si cette opération de charme auprès des jeunes aura des retombées positives pour le président mardi à l'occasion des élections de mi-mandat. On trouve ici plusieurs clips de l'entrevue et ici une critique publiée sur le site du New York Times.

(Photo The New York Times)