Fondée en 1946 par S. Truett Cathy, un fondamentaliste chrétien, la chaîne de restauration rapide Chick-fil-A continue son expansion à l'extérieur des États du Sud, où elle s'est longtemps cantonnée, tentant notamment de s'implanter à Boston et d'ouvrir un deuxième restaurant à Chicago. Mais elle fait face dans ces deux villes à des maires qui s'opposent à ses projets d'expansion en raison des opinions sur le mariage gai de Dan Cathy, le président actuel de Chick-fil-A, dont la raison d'être officielle n'est pas d'engranger les profits mais de «glorifier Dieu».

Cette controverse, qui est devenue une cause célèbre pour les conservateurs américains, soulève également un malaise chez certains progressistes qui sont à la fois défenseurs de la liberté d'expression et partisans du mariage entre personnes du même sexe. C'est notamment le cas du blogueur Glenn Greenwald, qui a publié hier ce billet informatif sur cette affaire.

Avant d'aller plus loin, je dois citer une des déclarations récentes du président de Chick-fil-A, qui s'exprimait dans le cadre d'une entrevue radiophonique :

«Je pense que nous invitons le jugement de Dieu contre notre nation lorsque nous brandissons le poing devant Lui en disant: ''Nous savons mieux que Toi ce que constitue le mariage''. Je prie pour le pardon de Dieu à l'égard de notre génération qui a une attitude si orgueilleuse et si arrogante qu'elle pense que nous pouvons avoir l'audace de définir ce qu'est le mariage.»

Cathy réagissait, par ces mots, à la campagne dont sa chaîne est la cible. Cette campagne est orchestrée en partie par Equality Matters, un groupe de défense des droits des homosexuels, qui a publié le 2 juillet un dossier sur les contributions financières de Chick-fil-A à plusieurs organisations opposées à l'homosexualité et au mariage gai.

Après les déclarations de Dan Cathy, le maire de Boston, Thomas Menino, s'est élevé contre l'implantation de Chick-fil-A dans sa ville. À Chicago, un conseiller municipal s'est également opposé à l'arrivée d'un deuxième restaurant de la chaîne dans la ville. Et il a reçu cette semaine l'appui de son maire, Rahm Emanuel, qui a publié cette déclaration :

«Les valeurs de Chick-fil-A ne sont pas les valeurs de Chicago. Elles manquent de respect à nos voisins et à nos concitoyens. Ce serait un mauvais investissement, car (le restaurant) serait vide.»

À noter que Chick-fil-A n'a jamais été accusé de pratiques discriminatoires à l'égard de clients ou d'employés homosexuels.