Connu surtout pour son expertise budgétaire, Paul Ryan a prouvé hier soir à Tampa qu'il était également un excellent tribun politique. Avec son discours à la convention républicaine, il a non seulement fait oublier Sarah Palin, la dernière coqueluche des conservateurs purs et durs, mais également suscité des comparaisons favorables avec Ronald Reagan, le leader le plus charismatique du GOP au 20e siècle.

La comparaison avec Reagan est valable à plus d'un titre. Le Tampa Bay Times Forum a vibré d'une énergie inégalée depuis le début de la convention de Tampa au cours du discours du représentant de Ryan, qui a dressé un véritable réquisitoire contre la gestion économique de Barack Obama et promis d'aborder de front les graves problèmes auxquels font face les États-Unis.

«Cette Maison-Blanche n'a jamais été à court de mots mais ce qui lui manque cruellement, c'est un capitaine», a-t-il déclaré. «Cette présidence est à la dérive et survit sur des slogans de campagne éculés. Vos dirigeants vous ont trahis. Tout ce qui reste aux démocrates, c'est la peur et la division.»

Ryan a également fait rire les membres de l'auditoire en évoquant la différence entre la musique qui se trouve sur son iPod et celui de Mitt Romney. «Ma liste de lecture commence à AC/DC et se termine avec Zeppelin», a-t-il dit.

Mais Ryan a également emprunté à Reagan sa propension à prendre de sérieuses libertés avec la vérité, ce qui a poussé la page éditoriale du Washington Post à qualifier son discours de «trompeur» et les vérificateurs de faits à faire du temps supplémentaire, comme le résume Le Monde dans ce billet.

Le site progressiste TPM a dressé la liste des «cinq plus gros mensonges» du discours du colistier de Mitt Romney. Au premier rang, son accusation selon laquelle les «coupes» de Barack Obama dans Medicare, qui s'élèvent à 716 milliards de dollars, menace le programme d'assurance santé destiné aux personnes âgées. Il a oublié de mentionner que ces coupes se retrouvent dans son propre plan budgétaire.

TPM rappelle par ailleurs que la décote de la dette américaine par Standard & Poors, attribuée par Ryan à la mauvaise gestion des deniers publics par Barack Obama, est survenue après le psychodrame d'août 2011 sur le relèvement du plafond de la dette et du plan de réduction du déficit, deux sujets qui ont déchiré républicains et démocrates. Oublier le rôle des républicains du Tea Party dans ce psychodrame est un grave affront à la réalité.

Comme le souligne le «Fact Checker» du Washington Post, Paul Ryan et les républicains de la Chambre des représentants ont également joué un rôle important dans l'échec du plan de réduction de la dette proposé par la commission Simpson-Bowles. À entendre le représentant du Wisconsin, la responsabilité de cet échec incombe entièrement à Barack Obama.

Et comme tous les vérificateurs de faits du journalisme américain, celui de l'Associated Press a également reproché à Ryan d'avoir laissé entendre que le président démocrate méritait de porter le blâme pour la fermeture de l'usine de GM dans sa ville natale de Janesville, au Wisconsin. La décision de fermer les portes de l'usine a été prise avant l'entrée d'Obama à la Maison-Blanche.