Les affaires qui ont agité Washington la semaine dernière n'ont pas d'effet notable sur l'opinion publique à l'égard de Barack Obama. Selon un sondage CNN/ORC International, 53% des Américains approuvent aujourd'hui la performance du président, une hausse de 2% par rapport au moins d'avril. Ce résultat confirme les données de Gallup, qui n'a pas relevé de changement dans la cote de l'occupant de la Maison-Blanche au cours des derniers jours.

La réaction - ou la non réaction - des Américains aux révélations sur le ciblage de groupes conservateurs par le fisc américain (IRS) et la saisie secrète de relevés téléphoniques de l'agence AP par le ministère de la Justice tient sans doute au fait qu'aucune preuve de la participation du président à ces affaires n'a été présentée.

Barack Obama n'est évidemment pas hors de danger. Les républicains promettent d'enquêter sur ces affaires qui s'ajoutent à la polémique autour de l'attaque de Benghazi. Ils réussiraient probablement à porter le plus grand coup contre le président s'ils pouvaient démontrer son rôle ou celui d'un membre de son administration dans le scandale de l'IRS, une agence indépendante.

Le New York Times et le Washington Post ont cependant publié hier et aujourd'hui des articles (ici et ici) sur le ciblage de l'IRS qui donnent à croire que la responsabilité de cette affaire se limite aux fonctionnaires débordés et peu supervisés d'une cellule de Cincinnati chargée de traiter les demandes d'exonération fiscale de groupes dits «501(c)4».

Selon la loi, ces groupes peuvent bénéficier du régime fiscal de non-imposition s'ils ont comme objectif principal l'intérêt général (social welfare). Ils ne peuvent pas cependant consacrer la majeure partie de leurs activités aux campagnes électorales et à la politique.

On peut comprendre le dilemme devant lequel ont été placés les fonctionnaires de l'IRS au début de 2010 face à l'explosion du nombre de groupes réclamant le statut «501(c)4». Une explosion due principalement à deux facteurs : l'émergence de groupes se réclamant du Tea Party et la décision Citizens United de la Cour suprême permettant à des groupes «501(c)4» de participer à certaines activités politiques sans avoir à révéler l'identité de leurs donateurs.

Le vrai scandale est peut-être que des groupes essentiellement politiques comme Crossroads GPS, fondé par Karl Rove, aient obtenu le statut «501(c)4» sans problème. Il faut croire que Rove et ses semblables ont des meilleurs avocats que les militants du Tea Party.