Par cinq voix contre quatre, la Cour suprême a invalidé une partie clé de la loi sur le droit de vote (Voting Rights Act), une des réalisations majeures du mouvement des droits civiques. Promulguée en 1965 par Lyndon Johnson, cette loi a fait reculer la discrimination raciale dans l'accès au vote.

Dans une décision écrite par John Roberts, la plus haute instance américaine n'a pas remis en question l'objectif de la loi ni l'un de ses articles les plus controversés - l'article 5 -, qui oblige certains États et circonscriptions à soumettre toute modification de leurs règles électorales à l'autorisation fédérale.

Mais Roberts, président de la Cour, et ses quatre collègues conservateurs ont jugé inconstitutionnel l'article 4 de la loi qui détermine quels États et circonscriptions doivent être assujettis à la section 5. Les neuf États qui se retrouvent encore aujourd'hui dans ce groupe de mauvais élèves sont tous situés dans le Sud des États-Unis, où des lois ségrégationnistes ont sévi jusqu'aux années 60.

Dans sa décision, Roberts fait valoir que les conditions ont changé depuis les années 60 et que le Congrès doit trouver une nouvelle formule pour définir les États et circonscriptions qui doivent être assujettis à la section 5.

O, compte tenu de la dysfonction du Congrès, les chances que les parlementaires s'entendent sur une nouvelle formule sont minces. Si bien que l'article 5 risque de devenir une coquille vide.

Ironiquement, le Congrès avait massivement approuvé le renouvellement du Voting Rights Act en 2006 (par 390 voix contre 33). Selon le représentant démocrate de Georgie John Lewis, un héros du mouvement des droits civiques, les juges conservateurs de la Cour suprême viennent en réalité de planter un poignard au coeur du Civil Rights Act.