À défaut de déclencher une procédure de destitution contre Barack Obama, comme certains républicains le souhaitent, la président de la Chambre des représentants, John Boehner, a annoncé hier son intention de poursuivre le chef de la Maison-Blanche en justice pour abus de pouvoir.

Dans une lettre à ses collègues républicains, Boehner n'a pas précisé quelles actions présidentielles seront contestées devant les tribunaux. Celles-ci incluent les décrets d'Obama qui ont mis fin aux expulsions de certains jeunes clandestins, augmenté le salaire minimum des employés des entrepreneurs fédéraux et autorisé l'Agence de protection de l'environnement à réduire les émissions des centrales à charbon.

Lors de son dernier discours sur l'état de l'Union, Obama avait courroucé les républicains en promettant de contourner leur opposition au Congrès en utilisant son téléphone (pour mobiliser ses troupes) et son stylo (pour signer des décrets).

«La Constitution dit clairement que le travail du président consiste à appliquer fidèlement les lois», a expliqué John Boehner lors d'une conférence de presse hier. «Selon moi, le président n'a pas appliqué fidèlement les lois.»

«Le Congrès a un travail à faire, comme le président. Et lorsqu'un conflit existe entre les branches législative et exécutive, il relève selon moi de notre responsabilité de défendre cette institution.»

La chef des démocrates à la Chambre, Nancy Pelosi, a qualifié la poursuite annoncée par Boehner de «subterfuge». Le porte-parole de la Maison-Blanche, Josh Earnest, a estimé de son côté que les républicains avaient fait passer «leur opposition à une vitesse supérieure».

Boehner a reconnu que sa plainte pourrait ne pas être décidée avant la fin du second mandat d'Obama. Il a en outre précisé que la poursuite en justice n'excluait pas la possibilité d'une procédure d'impeachment contre le président. Selon le commentateur Jonathan Capehart du Washington Post, la démarche des républicains pourrait en fait n'être qu'un premier pas vers une procédure d'impeachment.

Cela dit, il n'est pas dit que les tribunaux accepteront d'intervenir dans une dispute autour de la séparation des pouvoirs entre les branches exécutive et législative.