Hillary Clinton domine ses rivaux. Hillary Clinton tape dans le mille. Hillary Clinton remporte le débat de CNN avec une performance étonnante. Hillary Clinton ramasse la mise dans le débat de Vegas.

Vous comprenez le topo. Hillary Clinton a fait l'unanimité dans la presse américaine, comme le démontrent ces titres. Sûre d'elle, maîtrisant tous les dossiers, agressive au moment opportun, blagueuse à l'occasion, l'ancienne secrétaire d'État a remporté haut la main le premier débat des primaires démocrates pour la Maison-Blanche. Elle a été d'autant plus dominante que ses rivaux, à l'exception de Bernie Sanders, ont été plutôt faibles ou ternes.

Le sénateur du Vermont a sans doute conforté ses partisans les plus convaincus, mais il a lui aussi démontré les limites de sa candidature. S'il excelle dans la dénonciation des inégalités économiques et de l'effet corrupteur de l'argent sur Washington, il ne s'exprime pas avec la même verve pour parler de la politique étrangère ou même pour entrer dans les détails de la politique intérieure.

Sur la controverse autour de ses courriels, Hillary Clinton a reçu l'aide inattendue de Bernie Sanders, qui a explosé quand le modérateur du débat, Anderson Cooper, a soulevé le sujet. «Le peuple américain en a marre de vos satanés courriels!» s'est-il exclamé, au grand plaisir de sa rivale, qui l'a remercié en lui serrant la main, comme on peut le voir dans ce clip :

Hillary Clinton n'a pas été aussi généreuse à l'endroit de Bernie Sanders, exploitant notamment sa vulnérabilité sur la question du contrôle des armes à feu. Elle a rappelé que le sénateur du Vermont avait voté à cinq reprises contre la loi Brady et qu'il s'était opposé en outre à un texte qui aurait permis aux familles de victimes de fusillades de poursuivre les fabricants d'armes à feu. «Il est temps que le pays entier se tienne debout devant la NRA», a dit Clinton en faisant allusion au lobby des armes à feu.

Le sénateur de Vermont a également dû perdre des Américains en se définissant comme «démocrate socialiste» et en appelant ses compatriotes à modeler leur économie à celle de pays comme le Danemark, la Suède et la Norvège. «J'aime le Danemark, mais nous ne sommes pas le Danemark. Nous sommes les États-Unis d'Amérique», a répliqué Clinton en promettant de contrôler «les excès du capitalisme».

Tout comme Bernie Sanders, les anciens gouverneurs Martin O'Malley et Lincoln Chafee ont attaqué Hillary Clinton directement ou indirectement sur son appui à la guerre en Irak. Chafee a également fait une allusion à peine voilée aux controverses entourant l'ex-secrétaire d'État en affirmant qu'il n'avait jamais été impliqué dans un scandale.

Le modérateur de CNN a pour sa part ni plus ni moins accusé Clinton d'opportunisme politique. Mais l'unique femme parmi les candidats démocrates a encaissé les coups sans trop de mal, réservant ses critiques les plus mordantes aux républicains. Dans une envolée efficace, elle a notamment reproché à ces derniers de préconiser un gouvernement moins actif sauf quand il s'agit d'imposer leurs points de vue, y compris sur l'avortement.