En dénonçant en termes virulents, voire mensongers les activités de Planned Parenthood, les ténors du Parti républicain ont-ils contribué à la rage qui a poussé Robert Lewis Dear à cibler une des cliniques de l'organisation à Colorado Springs et à tuer trois personnes à Colorado Springs, vendredi?

Vicki Cowart, présidente de Planned Parenthood of the Rocky Mountains, a répondu par l'affirmative hier, dénonçant les «discours haineux» prononcés par certains critiques de son organisation qui fournit plusieurs services médicaux aux femmes, dont l'interruption des grossesses. «Je ne peux pas croire que cela ne pousse pas certaines personnes, instables ou non, à penser que c'est O.K. de cibler Planned Parenthood ou de cibler les médecins pratiquant l'avortement», a-t-elle déclaré hier sur ABC.

La police n'a pas encore révélé publiquement les motivations de Dear. Plusieurs médias américains ont cependant rapporté qu'il avait déclaré à des enquêteurs, après son arrestation : «plus jamais de bébés démembrés» («no more baby parts»).

Le terme «baby parts» est souvent employé par les critiques de Planned Parenthood après la diffusion de vidéos filmées en catimini montrant des responsables de l'organisation discutant l'utilisation d'organes de foetus  avortés à des fins de recherche médicale.

Ted Cruz, Carly Fiorina et Mike Huckabee sont au nombre des candidats républicains à la présidence qui ont accusé Planned Parenthood de «vendre des bébés démembrés», ce que l'organisation nié vigoureusement. Le représentant de Caroline-du-Sud Ted Gowdy a pour sa part affirmé que les vidéos filmées en secret prouvaient que Planned Parenthood était une organisation «barbare», «dépravée» et «à la limite de prôner l'homicide».

Or, Carly Fiorina et plusieurs autres républicains ont nié tout lien entre leurs critiques de Planned Parenthood et la fusillade de Colorado Springs. «Ce que je dirais à quiconque tente d'établir un lien entre cette horrible tragédie et ceux qui sont opposés à l'avortement ou à la vente de bébés démembrés, c'est que cela relève des tactiques typiques de la gauche», a déclaré Fiorina hier sur Fox News (voir la vidéo qui coiffe ce billet).

Certains républicains n'avaient pourtant pas hésité à blâmer Barack Obama, Eric Holder ou Bill de Blasio après l'assassinat de deux policiers new-yorkais par un Afro-Américain de Baltimore, en décembre 2014.

«Nous avons eu quatre mois de propagande, à commencer par le président, selon laquelle tout le monde devrait haïr la police», avait notamment déclaré l'ancien maire de New York Rudolph Giuliani.

Faut-il préciser que les critiques d'Obama et cie sur le travail des policiers étaient plus nuancés que ne l'avait laissé entendre Giuliani?