Il n'est pas toujours nécessaire ni même suffisant de terminer au premier rang pour être déclaré gagnant des caucus de l'Iowa, dont voici les résultats finaux. Parfois, une troisième place peut valoir davantage qu'une deuxième. Et une première position peut faire douter. Tout dépend des attentes des candidats, des électeurs et des médias. Voici donc les principaux gagnants et perdants de ce scrutin qui a lancé le processus de sélection des candidats démocrate et républicain pour la présidence.

Gagnants

Ted Cruz

Appelons-le Monsieur Teflon. Donald Trump a tenté de le déstabiliser en invoquant sa naissance canadienne pour contester son éligibilité à la présidence. L'establishment républicain, dont le gouverneur de l'Iowa, a tenté de convaincre les électeurs de ne pas voter pour lui. Or, la victoire de Ted Cruz en Iowa, où son organisation était supérieure aux autres, laisse croire qu'il est sorti indemne de ces attaques. Elle n'est pas garante d'un succès futur. Le sénateur du Texas n'a pas encore prouvé sa capacité d'élargir sa base. Mais il peut se targuer d'être le seul candidat républicain à avoir remis Trump à sa place quand ça compte vraiment.

Bernie Sanders

Bernie Sanders n'a peut-être pas remporté les caucus d'Iowa, mais il fait partie des gagnants de ce scrutin qui semble avoir été remporté par la plus mince des marges par Hillary Clinton. Il aura mené une campagne formidable, attirant les foules et dictant les termes du débat avec ses idées très à gauche. Pourra-t-il battre sa rivale dans les États qui lui sont moins favorables que l'Iowa, dont le Nevada et la Caroline-du-Sud? La réponse arrivera avant la fin du mois. En attendant, avec sa victoire attendue au New Hamphire, prochaine étape de la course à la Maison-Blanche, le sénateur du Vermont peut continuer à rêver à sa révolution politique.

Marco Rubio

Si Marco Rubio avait fait campagne en Iowa avec autant d'assiduité que Ted Cruz, sa troisième place ne serait pas considérée comme un succès. Mais le sénateur de Floride a bien géré les attentes en laissant entendre, par ses déplacements espacés en Iowa, qu'il ne visait pas la première place dans cet État. Or, en terminant troisième avec 23% des suffrages, à un point seulement de Donald Trump, il se positionne bien pour devenir la solution de rechange des républicains conservateurs ou modérés qui n'aiment ni Trump ni Cruz. S'il faut se fier au nombre de pubs négatives dont il a fait l'objet récemment, il fait peur à ses rivaux.

Perdants

Donald Trump

Donald Trump a déjà surpassé toutes les attentes. Depuis le lancement de sa campagne présidentielle, il a fait mentir tous les experts de la politique américaine, ou presque, en préservant sa position au sommet des sondages. Aussi faut-il analyser avec une certaine prudence sa défaite en Iowa. Le candidat milliardaire aura l'occasion de rebondir, notamment au New Hampshire, où il jouit d'une forte avance sur ses rivaux. N'empêche : cette défaite dans le Midwest n'est pas de bon augure pour cet homme qui exprime un suprême mépris pour les perdants. Les électeurs républicains commenceront-ils à le voir sous un jour nouveau, moins favorable? Peut-être...

Hillary Clinton

Si Bernie Sanders a remporté en Iowa une victoire morale, Hillary Clinton y a subi une défaite psychologique, et ce, même si elle a devancé son rival. Face à un septuagénaire qui se définit comme un démocrate socialiste, elle n'a pu susciter l'enthousiasme des jeunes, qui ont voté massivement pour son rival. Vrai que l'électorat démocrate de l'Iowa n'est pas représentatif du parti. Mais ce résultat illustre les vulnérabilités de l'ancienne secrétaire d'État en tant que candidate et laisse peut-être présager un long combat débilitant contre le sénateur du Vermont. Il soulève également des doutes sur la qualité de son équipe, qui avait prédit aux journalistes une victoire décisive de la candidate.

Jeb Bush

Jamais deux sans trois? Pas pour Jeb Bush. En 1980, son père a remporté les caucus d'Iowa. En 2000, son frère a répété le même exploit. Mais le petit État du Midwest est resté insensible aux attraits d'un troisième Bush en 2016. Et la réaction des républicains locaux pourrait être le prélude d'un rejet national. L'ancien gouverneur de Floride n'est certes pas éliminé. Il peut encore compter sur des appuis financiers importants. Mais sa piètre performance en Iowa n'encouragera pas les républicains du New Hampshire et des autres États à le préférer aux Marco Rubio, Chris Christie et John Kasich.

Ben Carson

L'Iowa était fait mesure pour Ben Carson. Adepte du créationnisme biblique, le neurochirurgien à la retraite a trouvé chez les nombreux évangéliques de l'État un électorat réceptif et sympathique. Et il s'est hissé en tête des sondages locaux en octobre dernier. Mais il a commencé à perdre de l'altitude après les attentats de Paris. Son ignorance en matière de politique étrangère est notamment devenue criante lorsqu'il a déploré la présence de soldats chinois en Syrie lors d'un débat. Tout comme Mike Huckabee et Rick Santorum, vainqueurs des caucus d'Iowa en 2008 et 2012, Carson peut dire adieu à ses ambitions politiques en 2016.