Le 2 octobre 2005 : 21 personnes meurent après le naufrage d'un navire de plaisance appelé Ethan Allen sur le lac George, dans l'État de New York. Les parents des victimes poursuivent aussitôt les propriétaires du bateau et apprennent que ceux-ci ne sont pas assurés, ayant acheté à des fraudeurs une police d'assurance bidon.

Le 2 août 2011 : un comptable de Saint-Christophe appelé Malthus Irvin Boncamper plaide coupable à une accusation de blanchiment d'argent ayant notamment profité aux fraudeurs qui ont vendu aux propriétaires de l'Ethan Allen la police d'assurance bidon.

Selon les «Panama Papers», dont tout le monde parle aujourd'hui, le plaidoyer de culpabilité de Boncamper a causé un sérieux problème au cabinet panaméen Mossack Fonseca, spécialiste de la domiciliation de sociétés offshore. Après tout, ce comptable aujourd'hui âgé de 61 ans servait de directeur (ou prête-nom) à 30 sociétés créées par Mossack Fonseca.

Comment Mossack Fonseca a-t-elle réglé ce problème? Selon cet article publié par le Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ) de Washington, le cabinet a ordonné à ses bureaux de remplacer Boncamper comme directeur des 30 sociétés et de modifier les documents relatifs pour laisser croire que les changements avaient été effectués dix ans plus tôt.

Pourquoi je retiens cette histoire parmi toutes celles qui déboulent depuis que l'ICIJ et ses partenaires ont commencé à publier les révélations émanant des «Panama Papers» (11,5 millions de fichiers provenant des archives de Mossack Fonseca, la plus grosse fuite d'information de l'histoire)?

Parce que, sauf erreur, c'est la plus importante histoire dotée d'un angle américain à avoir été publiée jusqu'ici. Et parce qu'elle contredit de façon claire la défense de Ramon Fonseca, cofondateur du cabinet panaméen. «Une usine de voitures est-elle responsable du comportement des conducteurs?» disait-il à la télévision panaméenne récemment.

Or, si l'on se fie à l'histoire de Boncamper, Mossack Fonseca était aussi corrompu que ceux qui faisaient appel à ses services pour blanchir leur argent sale ou mettre leurs avoirs à l'abri du fisc. On retrouve parmi ceux-ci des chefs d'État, des sportifs, des milliardaires et plusieurs Russes proches de Vladimir Poutine.

Où sont les Américains? Aucun nom connu de personnalité étasunienne n'est encore sorti. Mais le grand déballage ne fait que commencer, semble-t-il.