Hier après-midi, Donald Trump a sans doute fait le bonheur de Kellyanne Conway, la nouvelle directrice de sa campagne, en présentant une image sérieuse et raisonnable lors de la conférence de presse qui a suivi sa rencontre avec le président mexicain Enrique Peña Nieto. Son esprit d'ouverture à l'égard du pays qu'il avait dénigré au cours des 14 mois précédents était susceptible d'améliorer son image auprès de certains électeurs.

Mais le candidat républicain a retrouvé son ton habituel - virulent, rageur, démagogique - à l'égard des Mexicains qui franchissent ou ont franchi la frontière sud de façon illégale lors d'un discours en Arizona où il devait clarifier sa position en matière d'immigration (à partir de 21:58 de la vidéo qui coiffe ce billet). Il a décrit l'ensemble des clandestins comme un groupe «animé par des intentions criminelles qui sème la terreur dans les communautés et commet des meurtres, des viols et autres actes de violence haineux», comme l'écrit le New York Times dans ce compte-rendu.

Au bout du compte, Trump est resté vague sur la principale source de confusion entourant ses politiques en matière d'immigration. Qu'adviendra-t-il des quelque 11 millions de clandestins présents sur le territoire américain? Les expulsera-t-il tous, comme il l'a promis pendant la majeure partie de sa campagne? Ou permettra-t-il aux clandestins sans casier judiciaire de continuer à vivre aux États-Unis?

Il s'est contenté de dire que «les mesures appropriées» pourraient être envisagées concernant les clandestins sans casier judiciaire dans un avenir indéterminé après l'expulsion des criminels et la construction du mur à la frontière sud que le Mexique paiera, a-t-il promis. Certains médias, dont NBC, ont néanmoins conclu que Trump s'était à nouveau engagé à procéder à des expulsions massives s'il était élu.

Une chose est certaine : Trump a écarté toute régularisation de clandestins. «Ils auront un moyen et un seul: retourner chez eux et faire une demande de nouvelle entrée, selon les règles du nouveau système d'immigration que je viens de décrire», a dit Trump, qui a également proposer de tripler le nombre d'agents du service fédéral d'immigration (ICE) et de créer 5 000 postes de policiers aux frontières, en plus des quelque 20 000 existants.

Il est évidemment trop tôt pour savoir comment le discours de Trump a été reçu dans l'ensemble de la population mais il n'est sans doute pas inutile de souligner qu'Ann Coulter et David Duke l'ont trouvé «magnifique» ou «excellent».

P.S. : Trump parle d'une «crise» à la frontière sud, mais il faut rappeler que le nombre de Mexicains qui retournent dans leur pays est aujourd'hui plus grand que le nombre d'entre eux qui entrent illégalement aux États-Unis, comme le démontre ce graphique :