Mike Pence en 2020? C'est la réaction que plusieurs commentateurs ont eue hier soir en regardant le débat entre les candidats à la vice-présidence dont on peut voir les faits saillants dans la vidéo qui coiffe ce billet. Réaction qui tenait à deux facteurs :

- le ton avenant et l'aisance verbale du colistier de Donald Trump, qui contrastait non seulement avec l'approche générale de ce dernier mais également avec l'agressivité irritante de son rival, Tim Kaine, qui l'a souvent interrompu en plus de multiplier les attaques préparées à l'avance;

- la distance qu'il a prise par rapport aux propositions et aux déclarations du candidat présidentiel de son parti, qu'il a négligé de défendre à plusieurs reprises pour se faire le porte-parole des positions traditionnelles des conservateurs républicains.

Bref, Pence a dépassé les attentes et élevé son profil en donnant l'impression que le Donald Trump des 16 derniers mois était une illusion. Sa performance lui a permis de sortir gagnant de ce débat plus ou moins modéré par la journaliste Elaine Quijano de CBS News. Mais c'est une victoire avec des astérisques.

Au cours des prochains jours, les médias ne manqueront pas de revenir sur les différences entre les déclarations de Trump et celles de Pence sur Vladimir Poutine et la Syrie. Le gouverneur d'Indiana a qualifié le président russe de «petit dirigeant brutal», une description éloignée des propos admiratifs de Trump.

Pence a également affirmé que «les États-Unis devraient se préparer à employer la force militaire pour frapper des cibles militaires du régime Assad» si la Russie choisit de poursuivre ses attaques «barbares» contre les civils. Par le passé, Trump a déclaré que le problème syrien devrait être réglé par d'autres, dont les Russes.

Les médias ne manqueront pas non plus de revenir sur les moments du débat où Pence a nié que Trump avait fait telles déclarations incendiaires ou telles propositions controversées que tout le monde connaît par coeur. Le journal Politico en a retenu six touchant notamment à l'avortement, aux impôts de Trump, aux armes nucléaires et aux Mexicains.

Parlant des Mexicains, Pence n'a sûrement pas gagné de points auprès des électeurs latinos en reprochant à son rival de «ressortir le truc mexicain», une allusion aux propos de Trump sur les violeurs, criminels et trafiquants de drogue envoyés par le Mexique aux États-Unis.

Il était évident que la stratégie de Kaine était d'attaquer Trump et de défendre Hillary Clinton. Tout en mettant oeuvre cette stratégie, le sénateur de Virginie a été desservi par ses interruptions trop fréquentes et ses phrases toutes faites. Sa réputation de gars sympathique et authentique en a pris pour son rhume.

Mais sa performance aura peut-être contribué à démontrer des fissures au sein du ticket républicain. Au bout du compte, c'est peut-être de cela dont on se souviendra davantage.