Comme le veut la tradition, les candidats présidentiels des deux grands partis américains ont participé hier soir à New York au dîner Alfred Smith, qui honore la mémoire d'un gouverneur de New York qui fut le premier candidat catholique à la Maison-Blanche.

Devant une assemblées réunissant plusieurs figures connues, dont les anciens maires de New York Rudolph Giuliani et Michael Bloomberg, Donald Trump et Hillary Clinton ont pris la parole à tour de rôle, prononçant des discours devant en principe démontrer leur capacité à rire d'eux-mêmes et respecter «un esprit de collégialité et de bonne humeur». Ils n'ont cependant pu s'empêcher de multiplier les blagues acérées et parfois ratées au sujet de leur adversaire.

De l'avis de plusieurs observateurs, Trump a raté son coup, essuyant des huées à quelques reprises. Comme dans les débats présidentiels, il a connu un départ acceptable. Une de ses meilleures blagues ne portait cependant pas sur lui-même mais sur sa femme Melania, accusée d'avoir plagié Michelle Obama lors de son discours à la convention républicaine de Cleveland.

«Quand Michelle Obama fait un discours, tout le monde l'adore. Mais quand ma femme Melania fait exactement le même, tout le monde lui tombe dessus. Je ne comprends pas... Je vais me faire engueuler ce soir. Cardinal, merci de lui parler», a-t-il ajouté en s'adressant au cardinal Timothy Dolan de New York, un des invités de marque, qui était assis non loin de la troisième femme du candidat républicain.

Mais Trump a manqué d'inspiration. Après quelques blagues douteuses ciblant Clinton, il a été chahuté par des invités du dîner, fait rarissime. «Hillary Clinton est tellement corrompue qu'elle a été congédiée par le comité (du Congrès chargée d'enquêter) sur le Watergate. Faut être corrompue pour être congédiée de ce comité. Très corrompue», a-t-il notamment dit en recyclant une histoire fausse et chère à une certaine droite.

Il a essuyé d'autres huées en reprenant des attaques liées aux révélations de WikiLeaks ou à la Fondation Clinton et qui semblaient sortir tout droit de ses discours habituels.

À son tour au micro, Clinton a fait allusion aux riches émoluments que lui ont valus ses conférences à des divers groupes après son départ du département d'État : «Vous avez de la chance, d'habitude je demande beaucoup d'argent pour ce genre de discours.»

«Je sais que je ne suis pas connue pour mon sens de l'humour. C'est la raison pour laquelle il a fallu un village pour écrire ces blagues», a-t-elle encore dit en faisant allusion au titre d'un de ses livres.

Mais la candidate démocrate a consacré la majeure partie de son discours à des piques à l'endroit de son rival qui témoignait parfois d'un humour plus que mordant. Elle a notamment ironisé sur la difficulté de prononcer un discours à l'aide d'un téléprompteur, «surtout quand il faut lire le texte original en russe», une allusion à l'admiration de Trump pour Vladimir Poutine.

Elle a également effleuré le sujet de la misogynie de Trump : «Donald regarde la Statue de la Liberté et voit un quatre. Peut-être un cinq si elle laisse sa torche et sa tablette et se recoiffe.»

Les Américains se consoleront peut-être en apprenant que Trump et Clinton ont échangé une brève poignée de main en prenant leur place.