En abrogeant l'Obamacare, la Chambre des représentants à majorité républicaine a donné cet après-midi une première victoire législative d'envergure à Donald Trump, qui avait fait de cette abrogation une de ses principales promesses électorales. Mais quel sera le prix de cette victoire?

Fait remarquable, le texte adopté par 217 voix - seulement une de plus que le minimum nécessaire - n'a fait l'objet d'aucune audition parlementaire, aucune analyse du Bureau du budget du Congrès et aucun débat digne de ce nom entre les représentants de la Chambre.

Il faudra en fait attendre à la semaine prochaine pour que le Bureau du budget du Congrès publie son analyse du coût et des conséquences du projet de loi. Une première version du texte devait faire augmenter le nombre d'Américains non assurés de 14 millions en 2018 et de 24 millions d'ici 2026.

La nouvelle analyse du Bureau du budget du Congrès pourrait revenir hanter les représentants républicains à l'occasion des élections de mi-mandat en novembre 2018. Le vote d'aujourd'hui pourrait en effet occuper une place importante dans les pubs télévisées des candidats démocrates.

Conçu pour apaiser les critiques des républicains les plus conservateurs, le texte amendé permettra notamment aux États d'abandonner l'obligation faite aux assureurs de couvrir les patients de la même façon, y compris ceux qui souffrent de conditions préexistantes.

S'il abroge l'Obamacare, le projet de loi viole plusieurs autres promesses électorales du président, dont celle de ne pas toucher au financement du programme Medicaid - 880 milliards de dollars lui seront retranchés sur dix ans - et celui d'assurer à tous les Américains une couverture santé de qualité à bon prix.

Si les électeurs les plus vulnérables écoperont, les plus riches en sortiront gagnants, car ils verront disparaître une taxe qui leur avait été imposée pour financer l'expansion du programme Medicaid (celle-ci prendra fin en 2020). L'élimination de cette taxe équivaut à une baisse d'impôts de 1 000 milliards de dollars sur dix ans.

Le projet de loi de la Chambre prend maintenant le chemin du Sénat, où sa survie dans sa forme actuelle est plus qu'incertaine. Un texte amendé devrait être ensuite renvoyé à la Chambre, où il sera vraisemblablement contesté par les républicains les plus conservateurs.

En attendant, Donald Trump et Paul Ryan, président de la Chambre, crient victoire. Mais à quel prix?