À la mi-août, après les commentaires de Donald Trump sur Charlottesville, le sénateur républicain du Tennessee Bob Corker a affirmé que le président n'avait pas encore démontré qu'il avait «l'équilibre» ou «la compétence» nécessaires pour remplir ses fonctions.

La semaine dernière, il a déclaré que le secrétaire d'État Rex Tillerson, le secrétaire à la Défense James Mattis et le chef de cabinet John Kelly étaient la raison pour laquelle les États-Unis ne sombraient pas dans le «chaos».

Pour comprendre la candeur de ce républicain élu dans un État conservateur, il faut savoir qu'il a renoncé à solliciter un nouveau mandat en 2018. Et c'est en faisant allusion à cette retraite prochaine que Trump a attaqué Corker dimanche matin dans une série de tweets, dont celui-ci : «Le sénateur Bob Corker m'a "supplié" de le soutenir pour sa réélection dans le Tennessee. J'ai dit «NON» et il a renoncé (disant qu'il ne pourrait gagner sans... mon soutien).»

Corker a plus tard nié cette version des faits, mais il a d'abord répondu hier matin sur Twitter au président comme aucun républicain ne l'avait fait auparavant : «Dommage que la Maison-Blanche soit devenue une garderie pour adultes. Quelqu'un a manifestement manqué son tour de garde ce matin.»

Plus tard, dans une interview au New York Times, Corker a adopté un ton plus sérieux mais non moins critique à propos de Trump, dont l'instabilité pourrait mener selon lui les États-Unis «sur la voie de la 3e Guerre mondiale».

«Il devrait inquiéter tous ceux qui aiment notre pays», a déclaré Corker, qui préside la commission du Sénat sur les Affaires étrangères.

«Je sais pertinemment que chaque jour à la Maison-Blanche le défi est de le contrôler», a-t-il ajouté, précisant plus tard que les gazouillis de Trump avaient nui à des négociations engagées par les États-Unis à l'étranger.

«Je ne sais pas pourquoi le président tweete des choses qui ne sont pas vraies», a encore dire Corker. «Vous savez qu'il le fait, tout le monde le sait, mais il continue.»

Le sénateur a affirmé que la plupart de ses collègues républicains «comprennent l'instabilité à laquelle nous faisons face et la somme de travail que les membres de son entourage doivent abattre pour le garder sur le droit chemin».

Trump ne peut guère perdre l'appui de Corker pour les réformes dont il rêve, les républicains ne contrôlant que 52 sièges sur 100 au Sénat.

Mais le sénateur du Tennessee a peut-être atteint le point de non-retour.