L'administration Trump et les progressistes dans le même camp? Aussi étonnant que cela puisse paraître, cela se peut. C'est même ce qui arrive dans la foulée de la décision du ministère de la Justice d'attaquer en justice la fusion entre la compagnie de téléphone AT&T et le groupe de médias Time Warner.

«Cette fusion affecterait gravement le consommateur américain», a fait savoir le ministère de la Justice hier. «Elle signifierait des factures de télévision plus élevées chaque mois et moins de nouvelles options de consommation innovantes.»

Tous les progressistes normalement constitués n'auraient pas pu dire mieux. Pour autant, ils se méfient des véritables motifs qui ont poussé le ministère de Jeff Sessions à emprunter une voie qu'aucune administration républicaine normalement constituée n'avait empruntée auparavant, sauf erreur.

Et si l'intérêt du consommateur américain n'était qu'un paravent utilisé par le ministère de la Justice pour cacher le véritable but de sa poursuite : forcer Time Warner à se départir de Turner, maison mère de CNN, chaîne honnie du président, qui se retrouverait isolée et possiblement affaiblie.

Le ministère de la Justice a nié toute ingérence de la part de la Maison-Blanche, alors que le PDG d'AT&T a qualifié cette possibilité d'«éléphant dans la salle». La poursuite pourrait permettre d'éclaircir ce point.

En attendant, l'administration Trump n'a pas tardé à se mettre à dos les progressistes sur une question touchant les communications. Le président de la FCC, l'autorité fédérale des communications aux États-Unis, a en effet annoncé aujourd'hui son intention d'abroger le décret de 2015 interdisant aux fournisseurs de services internet de bloquer ou de ralentir l'accès des clients au contenu web.

Les géants du secteur, les AT&T, Verizon et Comcast, réclamaient à grands cris l'élimination de ce décret, qui garantit la «neutralité du net», afin de pouvoir facturer davantage leurs clients pour accéder plus vite à certains contenus.

Et le consommateur américain dans tout ça? Si la proposition du président de la FCC est adoptée à la mi-décembre, ils devraient subir bientôt des hausses de frais pour avoir un accès de qualité à des sites comme Netflix.

Le président de la FCC, Ajit Pai, a été nommé en janvier par le président Trump, dont l'un des plus importants thèmes électoraux était la dérégulation. Pai a balayé du revers de la main les prédictions de ses critiques, estimant que le décret mis en place par Barack Obama a représenté un obstacle à l'innovation et à la création d'emplois.

Les progressistes  n'en croient pas un mot.

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