«Vous étiez ici bien avant nous, même si nous avons une représentante au Congrès dont on dit qu'elle était ici il y a longtemps. On l'appelle Pocahontas», a déclaré Donald Trump en se moquant de la sénatrice démocrate du Massachusetts Elizabeth Warren lors d'une cérémonie tenue à la Maison-Blanche pour honorer des anciens combattants navajos.

Après sa blague, le président s'est tourné vers un des vétérans ayant servi durant la Seconde Guerre mondiale et a ajouté : «Mais vous savez quoi? Je vous aime. Parce que vous êtes spécial. Vous êtes un peuple spécial, vous un peuple vraiment incroyable.»

La scène s'est déroulée sous le regard du président Andrew Jackson, dont le portrait orne le Bureau ovale. Jackson a joué un rôle majeur dans le génocide des Amérindiens. Ça ne s'invente pas.

Ce n'était évidemment pas la première fois que Trump utilisait cette insulte empreinte de racisme à l'endroit de Warren. Mais il faut être plus bête qu'une pierre pour penser que cette cérémonie en hommage à de braves Amérindiens était un moment propice pour la ramener à l'avant-scène.

Originaire d'Oklahoma, Warren a revendiqué par le passé de lointaines origines amérindiennes, comme plusieurs personnes de cet État et d'ailleurs aux États-Unis, à tort ou à raison. Dans certains documents de l'université Harvard, où elle a enseigné le droit, elle est décrite comme ayant des ancêtres issus des nations Cherokee et Delaware. Ses adversaires politiques l'on accusée de s'être inventée des origines amérindiennes pour faciliter son ascension professionnelle, ce qu'elle a toujours nié (elle dit que les informations concernant son héritage amérindien présumé faisait partie de la légende familiale).

Le paragraphe qui précède est nécessaire pour comprendre le sommet de la bêtise atteint aujourd'hui par la Maison-Blanche. Lors du point de presse de la porte-parole du président, Sarah Huckabee Sanders, une journaliste lui a posé cette question : «Pourquoi est-il approprié pour le président d'utiliser une insulte raciale dans quel que contexte que ce soit?»

Après avoir nié que l'expression «Pocahontas» était une insulte raciale, Sanders a ajouté : «Je ne pense pas qu'il soit approprié pour lui, ou pour quiconque, d'utiliser une insulte raciale.... Je pense que la sénatrice Warren a été offensante lorsqu'elle a menti au sujet de quelque chose pour promouvoir sa carrière.»

Rappelons que rien ne permet à Sarah Huckabee Sanders de dire qu'Elizabeth Warren a menti. Celle-ci affirme avoir répété une légende familiale. Mais le plus important, c'est que Trump lui-même a menti sur ses origines. Dans The Art of the Deal publié en 1987, il répète le mensonge de son père Fred selon lequel son grand-père paternel était un émigré suédois.

Dans une ville comme New York, Fred et son fils Donald ont longtemps voulu promouvoir leur carrière respective en faisant accroire à leurs partenaires juifs qu'ils avaient des origines suédoises plutôt qu'allemandes.

Bref, une autre journée honteuse à la Maison-Blanche.